2014 marquait enfin l’année du retour sur le devant de la scène de Keanu Reeves, Mr Anderson, alias Néo dans la trilogie Matrix. L’acteur était revenu avec un style cinématographique qu’il maitrisait le mieux: le film d’action. Scènes d’action et mise en scène stylisées, combats bourrins, acteur charismatique à souhait, même à 50 ans, Reeves prouvait qu’il était encore capable de botter des derrières, surtout lorsqu’on volait sa voiture et tuait lâchement son chien. Trois ans plus tard, il revient, sort de sa retraite anticipée avec le chapitre 2 de John Wick. Toujours dirigé par Chad Stahelski, cette suite fait-elle aussi bien que le premier ? Surtout, qu’apporte-t-elle de nouveau ? Vous pensiez avoir tout vu dans le cinéma d’action ? Détrompez-vous.
Ils vont encore nous l’énerver…
Je ne saurais dire si j’ai plus aimé ce second opus que le premier. Qu’importe, sa suite est dans sa continuité. C’est du grand défouloir, et on n’en attendait pas plus. Ce qui fait qu’on aura droit à quelques surprises savoureuses. Univers enrichit, personnages, esthétisme et ambiance donnant la sensation de voir un comics ou un jeu vidéo prenant vie dans le monde réel, cette suite qui va encore plus loin, est un poil plus aboutie, plus forte que le premier chapitre. Dans les catacombes à Rome, dans le métro New Yorkais, dans un hôtel chic, la photographie signée Dan Lausten (qui avait travaillé sur Crimson Peak) est juste somptueuse. De quoi vous offrir de nombreux plans mémorables. Mention à la séquence du concert à Rome.
Pendant 2heures, qu’importe le lieu, John Wick 2 offre non seulement un déluge d’action avec le sang qui coule à flot, le plomb et les cadavres qui s’éparpillent sur le sol, mais aussi de nombreuses scènes et répliques désormais cultes (John qui va faire le plein d’armes comme s’il faisait ses courses, c’est mythique). C’est nerveux, c’est brutal, c’est dynamique, c’est bestial, il n’y en a jamais trop. Hormis Jack Reacher, il y avait longtemps qu’on avait pas eu un film d’action sans effets spéciaux, avec de vrais cascadeurs et des combats au corps à corps qui ne sont pas sans nous rappeler les films de Kung fu à l’ancienne avec des combattants qui s’essoufflent pendant leur affrontement.
John Wick 2 titillerait presque un certain The Raid que ça ne m’étonnerait pas. Et c’est tant mieux, il faut s’inspirer des plus grands. La scène légendaire qu’on nous avait promise dans le premier opus sera enfin dans le second : une scène de combat au crayon ! C’est ça John Wick, de l’action hard, fantastique, irréaliste et donc, drôle. On retrouve exactement tout les ingrédients qui faisaient le charme des films d’action des années 80/90 tout en installant son intrigue dans notre époque. Dois-je mentionner l’arrivée de Laurence Fishburne dans la franchise ? Arrivée marquant le retour du duo Reeves/Fishburne que l’on n’avait pas vu depuis la fin de Matrix. Le plus beau des cadeaux pour un cinéphile. Un petit Matrix 4 en prime ?
Univers enrichit
Dans ce deuxième volet, on s’identifie un peu plus à notre héros qui souffre, qui est vulnérable. On n’oublie pas pour autant que John, il est toujours en deuil, souffrant encore de la mort de sa femme. Coté deuil, on fait vite le parallèle entre le personnage et l’acteur qui avait perdu il y a des années l’amour de sa vie. Jeu absolument touchant et authentique. John, il est aussi tueur à gages, assassin pas très causant, craint par de nombreux mafieux le surnommant le croque-mitaine. John Wick 2 ne mise pas que sur l’action, continuant de s’intéresser de très près, d’un peu plus en profondeur à cet étrange et décalé monde parallèle/caché : le monde des assassins.
Un monde qui a ces codes d'honneur, ces dettes et ces règles (en gros, le code du samouraï à la sauce tueurs à gages). Monde dans lequel on s’aperçoit que nombreux sont les hommes et femmes, lambda en apparence, qui évoluent dans cet univers tenu secret. De quoi nous rendre presque paranoïaque, tout en nous faisant mourir de rire. On pensait que ce monde était seulement installé dans ce chic hôtel New Yorkais : le Continental, dirigé par l’énigmatique Winston (Ian McShane). Ce n’était visiblement que la partie émergée de l’iceberg. Mélange très intéressant et détaillé entre le monde réel et ce monde « hyperréel » comme le disait si bien Keanu Reeves dans une de ces interviews.
Keanu se donne à fond pour la seconde fois. Son entrainement militaire au tir tactique (apprendre à dégainer rapidement, changer d’armes, enchainer les tirs), reprise de cours de jujitsu japonais, brésilien et judo, a été très intense mais au moins, le résultat à l’écran atteint les sommets. Tous les enchainements exécutés par l’acteur à l’écran donnent un style apparut depuis quelque temps : le « Gun-Fu ». Ce style, vous avez sans doute pu le voir sous une forme similaire et pourtant différente dans Equilibrium avec le « gun-kata ». L’acteur ne sera pas le seul à s’impliqué à 100% dans les scènes d’action puisque tous les autres ont fait de même. Que ce soit Common ou Ruby Rose en assassin muet (curieusement, ça passe bien), tout le monde est au taquet. Des bagnoles, des flingues, des lames…Les trucs de base. « Keanu Reeves ».
Toujours être élégant avant un combat…toujours
Scènes d’action longues (l’expression : plus c’est long plus c’est bon prend tout son sens), chorégraphies complexes que ce soit du combat au corps à corps (avec ou sans couteau) ou du gun fight (petits calibres ou gros calibres), John Wick n’a rien perdu de son charme, plus en forme, plus réussit que son prédécesseur. On aurait pu redouter qu’il y est un soucis de caméra donnant un effet illisible aux scènes. Il n’en sera rien puisqu’elles sont filmées en écran large, donnant l’illusion d’avoir devant nous un plan séquence. L’utilisation de l’espace dans ces lieux confinés ou non est réfléchit. Résultat : on profite pleinement de ces scènes nombreuses, tout comme le nombre incalculable de victimes que John Wick mettra à terre. Il n’aurait pas pulvérisé le record détenu par Stallone ?
Quoiqu’il en soit, notre pauvre John, après avoir perdu sa maison et ainsi, tout ce qu’il restait du souvenir de sa femme, il n’a plus rien à perdre. Il va donner à garder son nouveau chien, va faire quelques emplettes et va se venger, tuant tous ceux qui oseront se mettre sur son chemin. Notre héros n’est pas indestructible. Quoique, c’est discutable. Son costume a beau le protéger des tirs (je veux le même), ça ne l’empêchera pas de prendre de gros coups et de finir par boiter (les coups de couteau dans la cuisse sa pardonne pas). John Wick n’abandonnera pas pour autant. C’est un coriace, un homme brave. Par ailleurs, dans ce second chapitre, il devra lutter contre sa vie menacée et ne pourra se fier à personne même si une petite aide sera la bienvenue.
Au final, John Wick 2 est une vraie suite, une grosse claque qui ne se contentera pas de repomper les idées de son prédécesseur. Scénario simple mais garni de détails comme l’univers caché des assassins, bande originale excellente, décors somptueux nous faisant passer d’une pièce/lieu lumineux pour quelque chose de plus sombre, charisme incroyable de l’élégant Keanu Reeves, scènes d’action nombreuses et ultra rythmées, ajout de nouveaux personnages, du rire, de l’émotion, de l’héroïsme, du fun et encore du fun, et cette fin aussi glaçante que jouissive, annonçant que dans le futur chapitre 3 ?, on va avoir du lourd.