John Wick... Tel est le doux titre d'un petit film d'action (type série B) sortant de nulle part en 2014, et qui de par son statut culte rapidement acquis, s'est transformé en une franchise très lucrative, adoubé par la critique et le public.

En plus de constituer une sorte de résurrection de Keanu Reeves, cette saga remet sur le devant de la scène, un genre et des acteurs/cascadeurs/artistes martiaux qui ont été, durant une bonne vingtaine d'années, relégués au second plan (voire méprisés) par l'industrie Hollywoodienne. De ce fait, il y a de quoi se réjouir de cet engouement populaire et inattendu, surtout pour un cinéphile comme moi. En effet, j'ai découvert le 7ème art par le prisme du film d'action: Schwarzenegger, Stallone, Van Damme et Bruce Lee étaient mes héros d'enfance/adolescence.

Passé ce joyeux constat, entrons dans le vif du sujet, qu'en est-il de ce John Wick : Chapitre 4 ? Trop long, trop bon, trop ambitieux, trop répétitif ?

Pour ma part, bien que je craignais la durée excessive de l'oeuvre (2h50), je n'ai pas vu le temps passer. Chose d'autant plus étonnante puisque je suis le premier à militer pour des films de genre efficaces et sans bout de gras en terme de narration et de montage. C'est d'ailleurs ce qui caractérisait le premier opus, il allait à l'essentiel. Et c'est précisément ce que je pointais du doigt sur les épisodes suivants: quelques redondances et longueurs.

Or, ici, en dépit de mes appréhensions, je n'ai pas eu cette impression de lourdeur et pourtant le scénario ne justifie en rien une durée avoisinant les 3 heures, j'en ai pleinement conscience. Néanmoins, force et de constater que ça fonctionne chez moi. Le réalisateur Chad Stahelski parvient à fluidifier l'ensemble, il a enfin trouvé le juste équilibre entre séquences de narration et séquences d'actions.

Justement, parlons de ces fameuses scènes de bravoures. Je ne vais guère être original en disant qu'elles sont particulièrement bien exécutées et inventives. Hormis le passage à Berlin qui m'a semblé un ton en dessous sur le plan qualitatif, tout le reste se déroulant à Osaka et à Paris, c'est tout simplement de la folie pure. On en vient presque à être exalté devant cette tuerie de masse, je dirai même qu'on en rigole face à des moments osés et outranciers.

Pour le sentiment d'exaltation, j'ai en tête ce plan séquence (vu de dessus) dans la vieille baraque, où l'on voit notre héros, démastiquer à la chaine de pauvres types avec un fusil tirant des balles incendiaires. La projection des étincelles et particules de feu donne un aspect visuel magnifique. A un tel point qu'on se met à penser qu'au final, notre Baba Yaga est une sorte d'artiste, un esthète du gunfight.

Pour ce qui est de la drôlerie des situations immodérées, je citerai le passage des escaliers de Montmartre. C'est hilarant de voir John Wick galérer puis recommencer depuis le début. En cela, le long-métrage reprend à son compte, certains codes vidéoludiques.

A propos du script, je ne vais pas vous faire l'affront de stipuler que c'est bien écrit. Non, il y a évidemment des soucis dans ce domaine, notamment dans les dialogues. Par instants, les personnages sortent des répliques ineptes, et sont parfois empreints d'une certaine philosophie de comptoir. On veut te faire croire que ces assassins (les plus hauts gradés, tout du moins) sont des êtres sophistiqués, des bourgeois fins lettrés, mais ça marche moyennement, c'est un poil ridicule à mes yeux. Cela dit, l'univers instauré est toujours aussi prenant, puis les protagonistes sont iconiques à souhait.

Bref, nous sommes loin du film parfait, il n'empêche qu'en terme de divertissement c'est solide et généreux.

Je vais clore ma critique sur un point négatif et un point positif concernant l'utilisation de deux légendes du film d'action: il est regrettable que les capacités martiales de Scott Adkins soient autant bridées au profit d'un personnage haut en couleurs. C'est très bien pour lui, il change de registre, mais je reste frustré au vu des compétences du mec.

Et d'un autre côté, il est plaisant de voir Donnie Yen trouver enfin un rôle à sa mesure dans un film américain. Il aura fallu attendre plus de vingt ans pour ça. Sans surprise, quand il est bien mis en valeur par la mise en scène, il pète la classe, il est au dessus de tout le monde. Son affrontement face à Keanu Reeves au Japon est tout bonnement excellent.

Jubileus
7
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le 29 mars 2023

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