John Wick 4, c'est comme John Wick 3 en plus gros, plus long, plus épique, plus dramatique, et surtout plus long. C'est la conclusion magistrale, boursoufflée, impressionnante et assez usante d'une saga qui avait bien besoin de se terminer et qui a force d'en faire toujours plus finit par en faire un peu trop.
- C'est 3 heures de superbes plans artistement cadrés et éclairés où les personnages prennent des pauses sur fond de tour Eiffel, de Sacré-Cœur, de châteaux français surchargés de déco Rococo, penthouse New-Yorkaise de rupin, et autres destinations hautement chics ou touristiques. Il y a un vrai sens de l'échelle et du spectaculaire, mais on s'en prend tellement dans les mirettes qu'on finit en finit un peu anesthésié.
- C'est un film qui a peu de dialogues, mais dans lequel les personnages parlent tout le temps, trop lentement, en essayant trop fort d'avoir l'air vraiment badass. Et que je te débite des platitudes qui se veulent profondes, tout droit sorties de dicocitations.com, dont les pires commencent par "il y a deux sortes de personnes". Tuez-moi.
- C'est un héros monolithique devenu si invincible que l'absurdité de sa survie dépasse largement Mission Impossible et rejoint les moments les plus drôles de Fast & Furious où les personnages tombent du haut d'une falaise de haut sur un pare-choc de bagnole et époussettent négligemment leur marcel. A ce stade, il est si évident que John Wick est increvable et protéger par une plot-armor en titane qu'on en perd toute tension dramatique. Et oui, c'est le cas depuis le premier film, mais ça n'avait jamais été aussi grossièrement visible.
- C'est un enchainement de scènes d'actions absolument incroyables, chorégraphiées et exécutées par les meilleurs professionnels de l'industrie. Aucune de ces séquences ne se ressemble, car elles ont toutes leur petit truc : un hôtel aux décors néons stylés avec des nunchakus, des carambolages sur le rond-point de l'Etoile, la scène avec la caméra de Hotline Miami et les tracks prodigieuses par 'Le Castle Vania', les escaliers, etc
- ... mais aussi des scènes d'actions tellement longues qu'elles en deviennent assommantes, redondantes, et perdent leur impact après avoir vu l'homme de main anonyme numéro 78 se prendre une cartouche dans la bouche. Comparé à John Wick 1, on passe de 75 à 150 morts, et ça se sent. Les corps s'empilent sans aucune économie et j'aurais préféré en avoir trois fois moins, mais avoir des exécutions uniques et mémorables, plutôt qu'un stand de tir au pigeon où tout le monde se cache derrière sa veste.
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On s'en doutait un peu en voyant les 2h50, et j'aurais adoré me tromper, mais John Wick 4 est beaucoup trop long pour son propre bien. Il dilue l'efficacité de sa recette en bourrant au chausse-pied un maximum de baston, de personnages badass qui posent en récitant des banalités et BEAUCOUP trop de headshots anonymes et oubliables.
Et malgré tout ça, putain, c'est bon. Parce que ça reste John Wick, que ces scènes d'actions trop longues sont quand même bourrées de talent et d'inventivité, que la mise en scène les sublime à tout moment, et que cet univers loufoque de réseau de tueur international dans un monde où la police n'existe pas me plait bien. Et Ian McShane, bien sûr.
Si vous savez mettre votre cerveau en veilleuse et que vous avez aimé le troisième film, vous en aurez largement pour votre argent.