Ultime chapitre de la sage débutée il y a presque dix ans, le dernier John Wick, porté à l’écran par Le Keanéo Reeves et mis en scène par l’ancien cascadeur Chad Stahelski, avait de quoi intriguer et interrogeait sur sa capacité à renouveler ce qui n’était, à l’origine, qu’une modeste série B-urnée . Dix ans plus tard et avec un budget gonflé à 90M de billets verts, qu'en est-il de cette suite-fin qui a su remettre de la lisibilité dans l’action et du cascadeur dans la castagne.
Autopsy
Ce nouvel opus stigmatise les défauts du précédent sans arriver à renouveler ses qualités. Après un scénario et une narration inutilement compliqués dans Parabellum, les enjeux sont ici clairement exposés : tuer le marquis afin que John Wick recouvre sa liberté. Malheureusement, les scènes d’expositions s’allongent et sont plombées par des dialogues peu inspirés où se succèdent aphorismes de comptoir et autoréférences cryptiques. Trop long pour son propre bien , le film manque de rythme. Les scènes d’expositions se complaisent dans leur lenteur et ont ressent chez Chad Stahelsky des velléités artistiques et scénaristiques. Le monsieur montre qu’il n’est pas qu’un ancien cascadeur et qu’il sait aussi cadrer un plan fixe, un travelling, un panorama ou un plan séquence. Mais à trop vouloir s’émanciper de ses origines il en oublie la concision et l’efficacité. L’intrigue diaphane s’étire alors et ce n’est pas le manque d’épaisseur des antagonistes qui permet de stimuler des émotions. Un marquis pédant et jamais menaçant, un Caine à canne candide, un traqueur torturé versatile et son canidé casse noisettes. Mention spatiale à Scott Adkins qui arrive à décoller avec sa prestation bibendumesque, une hache plantée dans sa lune.
Un chat pitre qui a du chien
Inutile de verser dans l’hypocrisie ou l’intellectualisation, d’autres senscritiqueurs excellent dans ce domaine. Je vais voir John Wick pour la Tatane sans Jason et ce spectacle régressif qui a su digérer les œuvres asiatiques dont il est un des héritiers. Si l’ensemble de l’édifice reste d’une qualité proverbiale face à l’immense majorité des productions d’action made in Hollywood, il n’en demeure pas moins que Chad Stahelski et ses équipes de chorégraphes peinent à se renouveler. Les séquences d’action se succèdent et finissent par se ressembler, enchaînant jusqu’à l’asphyxie les vagues d’adversaires face à un Keagnons Reeves bulletproof. Cette répétitivité provient principalement du manque de variété dans le choix des armes et du peu d’utilisation des décors et autres accessoires. Il y avait beaucoup plus d’inventivités et d’interactions dans les deux premiers chapitres. S’installe alors une redondance exacerbée par la durée des affrontements et l’invulnérabilité de John Wick. Pourquoi se cacher, se protéger derrière un couvert lorsque l’on est à l’épreuve des balles ? Le costume kevlar, une des pires idées de la saga. Malgré ce constat en demi teinte, les prouesses martiales et les cascades restent très au dessus des productions actuelles. La fusillade dantesque en plan séquence à Paris en vue plongée façon Hotline Miami justifie à elle seule le visionnage du film. Ahurissante et génératrice de rires nerveux d’extase. Du vrai John Wooick.
John Ouais
En conclusion, un opus qui pèche par une ambition mal contenue. Reste un plaisir certain dans ce défouloir quasi unique de l’action Hollywoodienne. De plus, il est évident que le succès étant au rendez-vous, l’univers Wick sera sans doute développé par le biais de spin off et autres productions sérielles. Wait & See.