Il y a maintenant cinq ans, nous faisions la connaissance d’un homme solitaire, parti loin du tumulte de son ancien métier pour couler une retraite tranquille, jusqu’à ce qu’il doive en revenir. Depuis, John Wick a su trouver son public, devenant une véritable saga, dont John Wick : Parabellum devait être le dernier épisode, avant que l’on apprenne qu’une suite était déjà prévue. J’attendais avec impatience ce nouvel opus, et maintenant que j’ai pu le voir, il est temps d’en parler !
Il est vrai que le fait que Parabellum devait être le dernier épisode de la saga témoignait d’une potentielle capacité à savoir s’arrêter avant qu’il ne soit trop tard, et, aussi, laissait planer le doute quant au sort du héros. Mais la démesure est le propre de John Wick, qui a toujours su, jusqu’ici, aller dans l’excès, jouer sur les stéréotypes, être décomplexé, sans jamais être ridicule. Et cela grâce à une vraie maîtrise dans la mise en scène, à une capacité à créer de l’action visuellement attrayante et intelligible, tout en donnant vie à un personnage capable d’être au cœur d’un mythe, un personnage identifiable, charismatique, ce qui n’était plus arrivé dans le cinéma d’action depuis bien longtemps déjà.
John Wick : Parabellum ne trahira pas les attentes des fans et des amateurs. La fin du second épisode laissait présager un troisième opus placé sous le signe du chaos, mettant encore plus dos au mur notre héros, et c’est bien le cas ici. John Wick est fatigué, et ce dès le début du film, et on se demande bien comment il pourra endurer tout ce qui l’attend. Mais si notre héros est épuisé, l’imagination des équipes qui ont réalisé le film est loin d’avoir exploité toutes ses ressources. Spectaculaires, novatrices, esthétiques, les scènes d’action représentent le principal atout de ce troisième opus qui suit la lignée des deux précédents, ne laissant aucun répit au spectateur sans jamais l’épuiser, grâce à une vraie maîtrise dans leur construction.
On reconnaîtra, certes, que le film n’est pas exempt de longueurs, étant desservi par une intrigue quelque peu cyclique, s’articulant notamment autour de rencontres successives avec les anciennes connaissances de John Wick, permettant aussi d’étoffer l’univers de la saga. Mais, comme les deux opus précédents, l’action est maîtresse, et c’est notamment dans le western, les films de samouraï et les films d’arts martiaux que Parabellum vient puiser son inspiration et offrir ce qu’il a de mieux. Toutefois, l’une des principales références du film n’est pas forcément là, et elle apparaît au début du film, comme dans le précédent : Buster Keaton. Au détour d’un court extrait de son film, passant dans une rue ou sur un écran, Stahelski donne une place à Buster dans son film, lequel suit les principaux canons du cinéma du génial comique. Chorégraphie des scènes, gestion de l’espace et des décors, utilisation de ces derniers, une endurance à toute épreuve… Bien que l’on soit loin de la comédie, le fantôme de Buster Keaton plane dans John Wick, qui bénéficie de cette même maîtrise dans la construction des plans, dans la folie de l’action, laquelle reste toujours lisible et fluide.
Pour la troisième fois, donc, John Wick était au rendez-vous. On pouvait légitimement partir confiants tant ce troisième opus semblait avoir à offrir, et c’est le cas, celui-ci allant toujours plus loin dans la démesure, toujours plus impressionnant mais jamais ridicule. Divertissement assumé et survolté, Parabellum peut parfois un peu s’appesantir, mais il offre un véritable spectacle haletant et généreux, qui ne se contente pas juste de faire de l’action, mais bien du cinéma d’action, et ça, ça fait plaisir. On en redemande !
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art