Avec ses vingt premières minutes de baston non-stop où notre héros va changer d'endroits comme d'armes diverses et variées, finissant sa course sur un cheval dans les rues de Manhattan, John Wick 3 démarre là où le précédent film finissait, autant dire sur les chapeaux de roue. Excommunié par sa propre organisation, traqué par tous les tueurs du globe, John Wick est dans la mouise. Il va donc devoir faire des pieds et des mains pour s'en sortir et faire ce que personne avant lui n'avait fait : demander au grand patron lui-même de lui foutre la paix. Le scénario se résume malheureusement à ça et c'est peut-être mieux.
Toujours aux commandes, Chad Stahelski ne souhaite absolument pas s'embarrasser d'un script complexe et préfère enchaîner les morceaux de bravoure à la pelle, faisant plus ressembler son film à un jeu vidéo pétaradant qu'à un épisode bavard en explications douteuses. Et en ça, on peut dire que l'ancienne doublure de Keanu Reeves réussit une nouvelle fois son coup, ce troisième opus repoussant les limites de l'action en proposant des séquences ahurissantes, parfois inventives mais également hélas trop souvent répétitives, en témoignent les désormais classiques fusillades rapprochées (présentes depuis le premier film et marque de fabrique de la saga) mais aussi pour ne citer que elle la séquence finale au milieu d'un décor de verre que les protagonistes vont tour à tour défoncer.
Un décor original qui aurait mérité un meilleur traitement. À l'instar de quelques séquences dans le précédent volet, Stahelski ne fait qu'effleurer les bonnes idées visuelles qu'il a sous la main et n'arrive jamais à aller jusqu'au bout. Un tel décor où murs de verre gênants et sol du même matériau instable aurait pu donner un affrontement inédit, exploitant comme jamais la référence au jeu vidéo et notamment celle au beat 'em up. Il est d'ailleurs nécessaire de prendre John Wick 3 comme un immense jeu vidéo cinématographique pour pleinement l'apprécier, la progression du héros étant calqué sur ce modèle tandis que les personnages secondaires, nouveaux comme anciens, font clairement office de personnages-fonctions aidant Wick à avancer dans son périple (Anjelica Huston, Halle Berry, Saïd Taghmaoui...).
De nouveaux protagonistes qui font pour la plupart de la figuration a contrario de Mark Dacascos, nouveau rival déjanté dont la simple présence à l'écran suffit à nous émoustiller. Mais ne boudons pas notre plaisir, John Wick 3 continue tout de même de proposer un spectacle certes rodé mais diablement efficace, tâtonnant dans une mythologie intéressante mais jamais aboutie sur cette fameuse organisation secrète de tueurs professionnels aux règles mystérieuses et sanglantes. Toujours aussi influencé (les références sont légion, de Blade Runner à Casablanca en passant par une réplique directement empruntée à Matrix), toujours aussi méticuleux quant à la chorégraphie dingue des séquences qu'il filme et l'utilisation des décors qu'il utilise, le réalisateur n'offre pas à son public un tant attendu dernier volet mais au contraire une suite de plus, qui pousse les potards à fond et, si elle est certainement éreintante, reste jouissive à tous les niveaux.