Cinq ans après un échec cuisant au Mozambique, l’heure de gloire de l’espion britannique Johnny English (Rowan Atkinson) est passée. Il s’est retiré dans un monastère tibétain, où il essaye d’apprendre la sagesse orientale afin d’oublier l’humiliation qu’il a vécue. Seulement, en panne d’agents secrets, le MI7 rappelle son ancienne gloire afin qu’il démasque des terroristes qui veulent assassiner le Premier Ministre chinois. Mais English sera-t-il vraiment moins gaffeur qu’auparavant ?


Une suite à Johnny English n’était pas forcément mon rêve le plus fou, tant la comédie de Peter Howitt, malgré quelques bons moments, s’avérait poussive et d’un goût douteux. Mais il y avait ici quelque chose d’intrigant à voir le flambeau repris par Oliver Parker, cinéaste trop méconnu dont la quasi-disparition des écrans ne peut occulter un brillant début de carrière qui témoignait d’un vrai talent, puisqu’il commença en adaptant Shakespeare (Othello) et Oscar Wilde (Un Mari idéal, L’Importance d’être Constant) avec la crème des acteurs britanniques (Colin Firth, Cate Blanchett, Julianne Moore, Rupert Everett, Tom Wilkinson, Reese Witherspoon ou Judi Dench). Ici encore, le casting est de qualité, de Rowan Atkinson qui s’est mis à jouer en plus de faire le clown, à l’excellente Rosamund Pike, en passant par Dominic West ou Gillian Anderson.
Mais c’est surtout au niveau du scénario et de la mise en scène que les choses changent vraiment. De fait, là où le scénario du premier Johnny English était plus un prétexte à mettre en scène les pitreries d’Atkinson, oubliant toute rigueur narrative, ici, l’histoire de Hamish McColl et William Davies, sans être exceptionnelle, fonctionne beaucoup mieux. De fait, s’appuyant sur des histoires de taupes et de faux-semblants, le scénario a l’intelligence de ne pas nous faire le coup du twist qu’on voit arriver à des kilomètres en préférant nous le révéler peu de temps après le moment où le doute naît chez le spectateur, ce qui, certes, peut briser en partie l’ambiguïté, mais rend le récit bien plus cohérent et rigoureux sur le plan narratif.
L'autre grand progrès par rapport au premier film, c’est également, comme on l'a dit, la mise en scène. En faisant appel à Danny Cohen, directeur de la photographie du Discours d’un roi, Oliver Parker s’assure une mise en scène léchée qui, sans éblouir par sa virtuosité, réussit à donner au film le cachet d’élégance qui manquait à son prédécesseur, visuellement très pauvre. Dès lors, grâce à une meilleure écriture, ainsi qu’un montage plus dynamique, l’humour se rehausse considérablement, la majorité des gags conservant son effet de surprise et son efficacité jusqu’au dernier moment, ce qui assure au spectateur une hilarité de (presque) tous les instants.
On appréciera surtout qu’au lieu de passer pour idiot fini qui se fait humilier de bout en bout, Johnny English est ici un personnage plus subtil, alternant entre les vrais coups d’éclat qui lui valent sa réputation d’espion renommé et les gaffes énormes (et d’autant plus craquantes qu’elles ne sont pas une constante chez lui). Oliver Parker se révélant en outre aussi bon réalisateur de comédie que de films d’action, c’est avec plaisir que l’on verra Johnny English : Le Retour nous proposer quelques séquences vraiment musclées qui, sans égaler un Kingsman, permettent d’en faire une parodie très réussie de James Bond, agrémentée en outre d’une bande-son électrisante signée Ilan Eshkeri (à qui on doit la partition grandiose de Stardust : le mystère de l’étoile).
Malgré quelques légers manques de finesse qui subsistent de temps à autre, ce retour de l’espion britannique le plus gaffeur s’avère un réel moment de plaisir, et réussit même à donner envie de voir naître un troisième volet… En espérant qu’il se montre digne du coup de fouet qu’Oliver Parker a donné à la saga.

Tonto
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2011

Créée

le 29 oct. 2018

Critique lue 454 fois

9 j'aime

7 commentaires

Tonto

Écrit par

Critique lue 454 fois

9
7

D'autres avis sur Johnny English - Le retour

Johnny English - Le retour
LeTigre
6

Tu n’es pas jeune mais avec l’âge vient la sagesse !

Suite à mon désappointement du premier, je n’étais vraiment pas paré pour découvrir cette suite, de peur d’être de nouveau insatisfait. Toutefois, j’ai pris tout de même la décision de le...

le 16 sept. 2018

15 j'aime

8

Johnny English - Le retour
Marvelll
6

English a muri

Le premier épisode, je l'avais trouvé très moyen malgré un pitch de départ qui faisait envie : Mr Bean en James Bond. Malheureusement, le premier Johnny English après quelques sketches marrants au...

le 24 oct. 2011

10 j'aime

Johnny English - Le retour
pierrick_D_
6

Critique de Johnny English - Le retour par pierrick_D_

Après une méchante bavure au Mozambique,Johnny English,agent secret anglais d'une incroyable incompétence,s'est retiré dans un monastère tibétain.Mais il est bizarrement rappelé aux affaires pour une...

le 4 nov. 2021

9 j'aime

4

Du même critique

Solo - A Star Wars Story
Tonto
8

Mémoires d'un Han

Dans les méandres de la planète Corellia, où la population a été asservie aux ordres de l’Aube écarlate, organisation au service de l’Empire, un jeune homme, Han (Alden Ehrenreich) tente de s’évader...

le 24 mai 2018

79 j'aime

32

Hostiles
Tonto
9

La fantastique chevauchée

1892, Nouveau-Mexique. Vétéran respecté de l’armée américaine, le capitaine Joseph Blocker (Christian Bale) se voit donner l’ordre de raccompagner le chef cheyenne Yellow Hawk (Wes Studi), en train...

le 20 mars 2018

78 j'aime

15