La meute animale

Nicholas Ray tourna ce film pour la firme Republic dirigée par Herbert Yates. Le tournage fut compliqué pour le cinéaste qui se heurte souvent à Joan Crawford, odieuse avec tout le monde sur le plateau (et jalouse de Mercedes Mac Cambridge). De plus, l'ambiance était, à l'époque, détériorée par le MacCarthysme qui sévissait. Sterling Hayden garda un très mauvais souvenir de ce film. Et pourtant... il s'agit bien d'un chef d'œuvre du western. Point de départ de l'intrigue : Tenancière d'un saloon, Vienna embauche Johnny Guitare comme musicien. Elle s'oppose à la jalousie d'Emma concernant Dancin' Kid (une fine gâchette qu'elles convoitent toutes les deux). D'abord, il s'agit de la confrontation de deux femmes de tête liée par une farouche rivalité féminine. Nicholas Ray et le scénario de Philip Yordan y développent les thèmes de l'amour, de la jalousie, du triangle amoureux. On trouve, ici, une intensité dramatique qui ne se relâche jamais. Scènes fabuleuses parmi d'autres : le premier face à face, long et tendu, entre Vienna et Emma accompagnée de sa meute. Ou, bien sûr, la meute toute vêtue de noir faisant irruption dans la maison de Vienna alors qu'elle joue du piano, vêtue d'une robe blanche. Dans ce western atypique et romantique aux couleurs splendides, Sterling Hayden brille de sa classe habituelle mais on remarque surtout les deux femmes Joan Crawford et l'impressionnante et terrifiante Mercedes Mac Cambridge.