Hey Jude
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le 7 févr. 2020
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Réalisé par Taika Waititi, Jojo Rabbit est une comédie touchante, drôle et émouvante. Un film sur le nazisme qui nous fait ressentir ces trois sentiments en même temps, c'est fort ! Le réalisateur néo-zélandais maîtrise son sujet et nous offre une histoire belle et forte entre Jojo et la jeune fille juive. C'est fin, c'est profond et surtout c'est très drôle, notamment grâce à l'ami imaginaire de Jojo ... Adolph Hitler, interprété par Taika Waititi himself.
Dans Jojo Rabbit, tout se passe dans une petite ville allemande de Bavière durant les derniers mois de la seconde guerre mondiale. Jojo (Roman Griffin Davis) est un petit garçon de dix ans fervent partisan des jeunesses hitlériennes qui vit seul avec sa mère Rosie (Scarlett Johansson). Il découvre un jour que sa mère cache Elsa (Thomasin McKenzie) une jeune fille juive dans leur maison. Un cruel dilemme se pose alors à lui, car à supposer qu'il la dénonce, elle les dénoncera aussi. Tout le monde mourra de toute façon si elle est découverte. Jojo et Elsa vont alors commencer à se découvrir l'un l'autre, au travers d'une étrange et ambiguë relation d'amour/haine et d'attraction/répulsion. Chacun est curieux de l'autre, tout en sachant que l'autre peut le condamner à mort sur un simple coup de tête.
Dans Jojo Rabbit, le monde que nous voyons n'est pas tout à fait réel, c'est un monde vu de l'œil de Jojo et sa vision d'enfant de ce monde. Au début du film, le ton est clairement comique, joyeux et coloré, puisque Jojo ne voit que ce que la propagande nazie lui laisse voir. Au fur et à mesure du film, le ton devient de plus en plus dramatique et de moins en moins comique, car Jojo est forcé de se remettre en question et de faire face à la dure réalité. Il mûrit et réalise alors l'horreur derrière la pensée nazie. À la fin du film, c'est le monde de son enfance qu'il a fantasmé, qui meurt avec l'arrivée des troupes américaines et russes. Il voit les soldats allemands, les bergers allemands et le capitaine K (Sam Rockwell) dans son costume ridicule, partir vers la mort. Il y a quelque chose d'un peu ridicule dans cette scène filmée au ralenti, comme dans un cartoon avec Bip Bip et le Coyote, lorsqu'on peut voir un arrêt sur image sur Coyote, et ensuite sur Bip Bip.
La jeunesse hitlérienne dépeinte dans le film n'est pas tout à fait réelle, mais réaliste quand même. On s'imagine sans mal les SS prendre les jeunes allemands pour aller faire des activités dans les bois, s'amuser à la guerre "pour de faux" avec des fusils et en uniformes nazis. Le film montre tout ça, le maniement des armes, le développement de la force physique, la stratégie militaire et un endoctrinement antisémite ... mais sur le ton comique. Faire la guerre pour de faux, c'est plutôt cool, non ? Tous ces enfants avaient le cerveau saturé d'idées préconçues et de préjugés qu'on pouvait leur inculqué. Et on peut imaginer le choc que ça a été pour eux, lorsqu'ils ont vu les troupes alliées entrer dans leur pays en 1945. Ils ont dû se rendre compte que tout ce qu'on leur avait appris, c'était faux ! À la fin du film, Jojo a tout perdu et il va devoir réapprendre à vivre comme des milliers d'autres enfants manipulés des Jeunesses Hitlériennes ont dû réapprendre à vivre après la guerre.
Au fur et à mesure du film, Jojo va être témoins de l'agonie d'un troisième Reich de plus en plus décadent et absurde. La déliquescence de ce régime autoritaire s'illustre au travers de plusieurs personnages qui réagiront chacun à leur manière face à la résistance. Ainsi, le capitaine K, qui cache son homosexualité, est fataliste et attend l'inéluctable fin de cette mascarade. Fräulein Rahm (Rebel Wilson) qui est son assistante est au contraire bien plus volontaire et choisie de s'enfoncer davantage dans le fanatisme. Elle finira même par envoyer des enfants avec des ceintures de grenades sur les troupes américaines et russes. L'ami de Jojo, Yorki (Archie Yates) qui est un souffre douleur comme lui, réfléchit tant bien que mal à la situation et sera le seul à se rendre vraiment compte qu'ils ne sont peut être pas dans le camp du "bien". Enfin, la mère de Jojo sera celle qui en paiera le prix fort en participant à la résistance.
Jojo Rabbit n'est donc pas qu'une simple comédie, "une de plus", c'est aussi un film de guerre et il se démarque des autres films de guerre par de nombreux aspects. Tout d'abord, il adopte la vision de la guerre du point de vue des allemands, qui ont eu la désagréable position d'être à la fois les bourreaux et les grande victimes de cette guerre. On peut également noter un fait souvent oublié, la division des familles où à la fin de la guerre on pouvait avoir au sein d'une même famille des soldats et des résistants. Sans oublier le jugement des crimes, ou comment juger des gens fanatisés et conditionnés depuis qu'ils sont en couche-culotte ?
Et puis au centre du film il y a la relation entre Elsa et Jojo qui devient de plus en plus forte au fur et à mesure du film, passant de bête curieuse à une amitié fraternelle et un premier béguin pour Jojo qui ironiquement découvre la sexualité en même temps qu'il s'ouvre à un nouveau mode de pensée et remet en cause ce qu'on lui a appris. Elsa est vraiment un personnage merveilleux. Cultivée, forte, intelligente et douce, il se dégage de ce personnage un véritable aura.
Mention spéciale pour Sam Rockwell qui arrive à donner de l'empathie à un personnage à priori fort peu sympathique. Captain K a bien du mal à cacher son homosexualité et sa relation avec son jeune aide de camp Finkel (Alfie Allen, déjà vu dans Game of Thrones). C'est un véritable rôle casse gueule pour Sam Rockwell, mais il s'en sort vraiment avec les honneurs. La situation qu'il vit est tellement absurde (les entraînements avec des gamins ou la natation en tenue militaire) qu'il préfère faire le mariolle et surjouer l'officier motivé. En tout cas, son aide à Jojo à la fin ne m'a pour ainsi dire pas surpris. Je pense justement qu'il s'agit d'un personnage très humain, mais forcé de cacher sa véritable nature (ce qui renforce le drame autour de son personnage). Plusieurs choses expliquent en partie sa fausse adhésion au parti nazi ...
Lorsque la gestapo arrive chez Jojo, le Captain K débarque en toute hâte et on voit bien que c'est avec inquiétude pour le jeune garçon. Il ment ensuite au sujet de la carte d'identité pour sauver la jeune fille, ce qui est un premier acte de bravoure. On peut imaginer à ce moment là qu'il a de la peine pour la mère (avant qu'on sache ce qui s'est passé). Puis, deuxième acte de bravoure quand il sauve Jojo des soldats de la libération. Au final, la morale est aussi que les vrais héros ne sont pas toujours ceux qu'on croit, ceux qui paraissent être.
Pour finir, deux scènes qui m'ont marqué ...
Lorsque la mère joue le rôle du père absent pour faire passer un message à Jojo lors du repas. C'était drôle, intelligent et émouvant en même temps. L'autre scène que j'ai adoré, c'est lorsqu'il découvre sa mère pendue et qu'on a plein de plans sur les maisons aux alentours qui nous donnent l'impression qu'elles possèdent des yeux et qu'elles assistent endeuillées à cette scène. C'est comme si les maisons pleuraient.
Bref, Jojo Rabbit est vraiment une très bonne comédie dramatique et son propos va nettement au-delà d'un simple film sur les nazis. Sur le plan psychologique, il est très intéressant à étudier aussi. Difficile de faire un film pleins d'amour, se basant dans une époque où il n'y a que de la haine (justifié ou non) et pourtant, Jojo Rabbit y arrive !
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Créée
le 16 mai 2024
Modifiée
le 21 mai 2024
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