Un faux film de super vilain qui se démarque nettement de la production traditionnelle du genre, c'est rare aujourd'hui de voir un peu de culot de la part des studios. Le film réussit son ambition d'être malaisant, en grande partie grâce à la présence dérangeante à souhait de Joaquin Phoenix qui dégage naturellement un je ne sais quoi de pas très rassurant. Pour une origin story ce n'est pas aussi net et balisé qu'à l'ordinaire mais on a quand même le droit à tous les stades de la descente aux enfers en passant par le licenciement ou l'injustice de la vie. Je trouve ça un peu décevant d'avoir presque réduit le Joker à un handicapé de la vie au parcours stéréotypé et surtout d'en avoir fait un gars un peu neuneu. La dernière scène vient aussi pas mal ruiner ce final grandiose en essayant de ménager la bienpensance quitte à bien insister sur le fait que le joker est bien un aliéné et qu'en aucun cas on ne cautionne ses méthodes.
Le film reste néanmoins d'une qualité indéniable qui se ressent à tous les niveaux, ne serait-ce que la reconstitution impressionnante des années 80 qui confère à l'ensemble le cachet et l'ambiance qui conviennent. L'utilisation de la musique quoique assez facile demeure toujours efficace en sublimant plusieurs scènes bien stylées. Malgré quelques redondances sur le mal être du personnage et un petit côté masqué à la V pour Vendetta, le scénario joue habilement sur les méta-twists et insère mine de rien les pièces du puzzle sans se départir de cette atmosphère anarchique. Bref un film précurseur dans sa catégorie qui tient plus du truc réalisto-intimiste que du blobkbuster d'action, un pari réussi sur bien des plans mais qui du coup s'avère assez éprouvant au visionnage.