Ici, il s'agit d'une oeuvre unique. Une oeuvre qui propose une vision de cinéaste qui bascule les codes du genre, qui ne se laisse pas drainer par la mode du moment ou les envies des spectateurs et actionnaires de Wall Street. Une oeuvre qui offre un spectacle artistique hanté, sombre, mais sublime.
Une oeuvre qui marque et qui questionne les esprits, ou le spectateur est invité dans la macabre chute de son héros. Un film puisant ou le personnage n'est pas là pour amuser la galerie, mais pour nous ouvrir les yeux.
Joker est un film gris, très gris, dans lequel on se perd, dans lequel on est sans cesse bousculé par ce qui est montré (ou non) à l'écran.
Joker est une merveille de technicité. La réalisation, la mise en scène, la photographie, la colorimétrie, la direction artistique vont prodigieusement sublimer un tout, complètement maitrisé.
Joker est un film subtilement esthétisé, qui impressionne par son image, par son visuel architectural ou tout semble extrêmement droit et symétrique, mais ou son personnage avance de façon désarticulé, pour montrer qu'il ne convient pas aux normes de cette société qui le rejette.
Joker est une oeuvre profondément politique, qui vise juste, sans en faire trop. On peut ne pas être en accord avec la proposition, mais on ne peut pas dénigrer la folie ambitieuse du projet.
Joker est une oeuvre qui divisera une partie du public pas forcement prête à apprécier le projet à sa juste valeur, car trop habitué aux fictions édulcorées et lisses de Disney.
Joker permet à l'immense Joaquin Phoenix de faire la performance de sa vie pour laquelle il aura normalement l'oscar en 2020, si l'académie fait preuve d'un minimum d'objectivité. Performance magique, indéfinissable et possédée, tout comme cette scène finale ou Arthur Fleck marche lentement, les pieds en sang dans ce long couloir blanc...séquence onirique qui me marquera à vie.