Enfin une réelle prise de risques de la part de Warner/DC. Après une mise en place décriée de l'univers étendu, surtout avec les catastrophes industrielles que sont Suicide Squad et Justice League, qui ne sont que des copiés/collés des films Marvel, le studio revient ici vers ses racines les plus sombres.
Les dirigeants semblent avoir compris qu'il fallait s'éloigner du formatage habituel et qui est totalement absurde, notamment en réduisant radicalement le budget de fabrication et en laissant une beaucoup grande liberté artistique au réalisateur.
Ici, pas de grands effets spéciaux, pas de fond vert, tout est vrai, ou du moins ultra réaliste. On filme dans les bas fonds de Gotham (New York), tout donnant ce côté totalement poisseux des années 80, ultra référencé par la filmographie du maître Martin
Todd Philipps, le réalisateur et co-scénariste de ce film, plus connus pour ses comédies décalées, nous livre ici un réel film d'auteur pour le compte d'Hollywood. C'est sans l'une des plus grandes surprises de ce film. Même si ses précédents pouvaient être bons, Philipps nous prouve ici, que oui, c'est un très bon réalisateur, avec des idées, des valeurs et qui ose faire un gros fuck à tout Hollywood. S'il avait fait sa carrière dans le circuit indépendant, sa filmographie aurait sûrement été très différentes, mais bon, avec des si on mettrait Paris en bouteille.
Pour ce qui est de Joaquin Phoenix, cela fait longtemps qu'il nous a prouvé qu'il est un très bon acteur, mais là, il atteint des sommets. Totalement enveloppé dans son rôle, il nous fait oublier qu'il est une personnalité mondialement connue. Durant les deux heures du film, on ne voit que le Joker, un malade mental, pas forcément dangereux au début, mais qui va s'engouffrer dans cette violence absolue et qui va finalement devenir un phénomène de société, ainsi une icône du mal et de l'anarchie.
Certains ont pu dire que Todd Philipps a fait l'apologie de cette violence, qu'il l'a légitimé. En fait non, bien au contraire, il l'a juste mise en avant pour montrer ce qui se passe en Amérique en ce moment, comme avec la réduction des aides de l'État dans le médical. Ce n'est qu'un film sur les réalités sociales de son pays.
En bref, ce film est un drame psychologique violent et sanglant, dans la lignée d'un Logan. En espérant que les studios fassent plus de films comme cela. On se plaindra beaucoup moins de formatage halluciné des grosses productions et des cahiers des charges qui ne laissent que trop peu de liberté aux artistes.