Tout commence doucement, mais sûrement, en mode thriller pur et dur, avec une première scène qui dégage une certaine tension, puisqu'elle montre un homme qui doit en tuer un autre.
On bifurque ensuite ensuite vers un road-movie en quête de vengeance, puisqu'on suit deux hommes, Lofti et S., à la recherche du terroriste Abou Leïla, en plein désert du Sahara, au sud de l'Algérie, ce qui semble, non pas impossible, mais presque. D'ailleurs, on ne sait pas grand chose sur ce terroriste, mais ce n'est pas le plus important, puisque cet Abou Leïla n'est qu'un MacGuffin. C'est à dire qu'il ne sert qu'à faire avancer l'histoire.
En effet, le réel propos de la narration est la déflagration des deux personnages principaux à la suite de la guerre civile Algérienne, surtout celui joué par Slimane Benouari, qui semble d'abord avoir une maladie quelconque, mais qui va ensuite s'avérer beaucoup plus grave…
Et c'est à partir de là que le film devient réellement intéressant. On quitte le simple polar/road-movie pour aller vers quelque chose à la frontière du psychédélique, qui s'approcherait plus d'un Lost Highway, de David Lynch, que d'un Easy Rider ou d'un Point Limite Zéro, même si la limite, avec Abou Leïla, est très vite dépassée.
Pour faire bref, ce film, qui est le premier long-métrage de son réalisateur, est d'une très grande maîtrise à plusieurs niveaux, aussi bien dans sa structure narrative, sa réalisation, son montage, le jeu des acteurs et aussi dans son mélange des genres. Tout pour être un grand film et qui est, sans doute, l'un des meilleurs de l'année 2020.