(Attention spoilers)
Avant tout, il est clair que ce genre de perfs surnaturelles d'un lead acteur ont tendance à garantir au moins la moyenne (en notation) à un film. Par effet de réaction de l’œil humain au spectaculaire.
Et donc ici, il y a Joaquin Phoenix. Voila. (Top 2 des acteurs les plus incroyables des 15/20 dernières années -avec Day-Lewis, au cas où j'aie besoin de préciser l'identité de l'autre grosse machine à performer-).
Mais alors que je constate un peu partout sur ma droite et sur ma gauche (surtout sur ma gauche) une légère surcote de ce film, sentiment de surcote generale semblant récemment faire une échappée comme la ferait un Schumacher en formule 1 sur une piste de ski; je vais tenter ici de le dire haut et fort:
il faut savoir raison garder mes amis en terme d'emballements, et ce dans les deux sens.
Donc oui, il y a des idées de mise en scène fort jolies, et elles n'ont pas toutes été empruntées par Todd Phillips (dont je trouve personnellement que le "Due date" passe assez sévèrement à la trappe-totale quand on le cite, alors que c'est pour moi peut être son meilleur film) à d'autres réalisateurs (citer une nouvelle fois ici Scorsese relèverait de la lapalissade).
MAIS il n’y a strictement rien de révolutionnaire (ni même de novateur) dans ce film, et il possède quand même une sacrée liste de points noirs (et la liste qui suit n'est pas exhaustive):
_de grosses ficelles
_il est caricatural, il aime surligner (à la limite de l'anti-subtil obstiné)
_il y a ça et là de très malheureuses idées qui lorgnent du coté du mauvais gout le plus extrême (A. Fleck -nom très cyclisme belge, au demeurant- qui se cale dans son frigo, A. Fleck qui lâche une grosse morve, un placement de produit pour Energizer dans un soi-disant brûlot contre la société, l'humour sur les nains qui restera lui -il semble- éternellement politiquement pas-refusé par les censeurs)
_un montage douteux
_une intrigue bancale, et mince quand on la lit délestée de ses fausses pistes
_des éléments dangereux (un “kill the rich” placé dans le calme le plus total de tout le monde)
_la double alerte enlèvement de Zazie Beetz et de sa fille mise sous l’éteignoir par le choix final de toute l’équipe du film de faire du Joker un méchant de cœur
_et surtout surtout, et donc en somme: c’est bien entendu loin d’être le chef d’oeuvre très étrangement quasi-scandé de partout.
(PS: mais ça plane quand même un peu au dessus malheureusement de beaucoup de choses qu’on a pu voir dans cette pauvre année de ciné).