Voilà un premier film québécois peu commun qui prend la chasse, tradition automnale rurale québécoise par excellence, comme contexte. On se retrouve donc durant la période de la chasse aux moments des fameuses couleurs de la Belle Province, ce qui occasionne donc de très beaux plans sur la nature de la province canadienne, pour un audacieux mélange de film d’auteur et de film de genre qui braconne davantage sur les terres de l’horreur psychologique que du gore. Une jeune femme va se retrouver par le biais d’un concours de circonstance à passer quelques jours dans un chalet entourée d’une poignée d’hommes virils. L’arrivée d’un migrant par le plus grand des hasards va rendre la situation encore plus particulière, étrange et angoissante. Ce huis-clos en pleine nature s’avère troublant et prometteur sur certains aspects mais aussi nébuleux et maladroit, ces derniers prenant le pas sur les premiers.
« Jour de chasse » démarre pourtant très fort et ses premières séquences captivent entre tension qui monte crescendo et développements intrigants. La suite se révèlera moins réjouissante entre errements narratifs, petites longueurs, séquences inutiles et ce que l’on pourrait appeler du remplissage. Jusqu’aux derniers moments qui retrouvent un peu la puissance du début, même s’il est un peu tard. Cependant, sur un film très court (tout juste une heure et vingt minutes), à peine la moitié est concluante, le reste étant plutôt ennuyant entre séquences oniriques ou de rêves pas toujours convaincantes et un propos pas très clair dont la symbolique pourra échapper à beaucoup. On croit entrer dans un énième long-métrage sur la masculinité toxique et la virilité malsaine, sujets on ne peut plus à la mode en ce moment et depuis maintenant une petite décennie, mais cela ne semble pas vraiment le sujet vu de prime abord si ce n’est la femme au milieu d’une meute d’hommes dans un microcosme très masculin. Ou alors le film passe à côté.
On accordera à Annick Blanc de ne pas tomber dans les clichés et les caricatures sur ce type de sujet délicat mais au final, elle ne prend pas son sujet de face et le script tourne autour du pot pour finalement plutôt convoquer le simple thriller en milieu hostile. Sur ce versant, c’est d’ailleurs réussi mais tout cela manque d’enjeux, de retournements de situations et d’ambition. Le casting est bien dirigé mais des zones d’ombres et des incongruités polluent le récit. Blanc semble douée derrière la caméra et son film dénote dans le paysage cinématographique québécois, laissant deviner des qualités de cinéaste qu’un futur projet plus abouti pourrait venir confirmer. En attendant, « Jour de chasse » nous cueille vite et nous embarque pour finalement nous ennuyer un peu avant de terminer sur une note assez inattendue et radicale qui semblera, selon l’humeur, pertinente et osée ou facile et bien trop abrupte. Pas inintéressant mais pas totalement convaincant non plus.
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