Je continue, à un rythme de sénateur, la découverte du cinéma de Carl Theodor Dreyer. Avec Jour de Colère, le cinéaste nous plonge en plein Danemark aux XVIIème siècle. Un pasteur a épousé une jeune femme qu'il a recueillie. Mais le retour du fils, issu d'un premier mariage du pasteur, en plus de la condamnation pour sorcellerie d'une dame, va rompre le fragile équilibre.
Anne va considérablement changer et découvrir d'autres sentiments que ceux qu'elle éprouve pour l'homme qui pourrait être son père. A travers cette histoire d'une romance et de une émancipation de la femme, ce sont bien deux époques qui vont s'affronter, deux courants de vie totalement opposés.
Dreyer va instaurer un rythme lent dans ses mouvements de caméra, qui vont amener petit à petit la tension. D'autant que le cinéaste va se concentrer énormément sur les émotions et les visages des personnages, permettant par-là d'apprécier le talent des différents acteurs. Dreyer va également travailler énormément sur les jeux de lumière et de ce fait, il offre des images par moment sensationnelles.
L'oeuvre garde en permanence ce conflit qui n'est pas seulement générationnel ou de genre. Anne arrive probablement trop tôt avec ses idées, son envie de vivre librement. Mais elle tente malgré tout de s'émanciper. Elle prend même des allures de veuve noire en souhaitant la mort de son mari. Mais celui-ci l'a-t-il seulement un jour écouté cette femme ? Anne représente la légèreté et l'explosion de sentiments qui s'imposent. Le pasteur représentant lui une forme de vie sous un carcan, rempli de principes, ou l'émotion et les sentiments sont relégués au second plan. Le fils quant à lui demeure sans aucun doute un mélange de ces deux formes de vie, tiraillé entre ses sentiments, sa jeunesse et ce que l'éducation patriarcale lui a apporté. Au final, de cette confrontation, personne n'en sortira indemne.
Malheureusement avec Dreyer, je ne m'y fais pas totalement à l'austérité de son cinéma, à la froideur qui se dégage de ses films. Autant la lenteur ne me dérange absolument pas, d'autant qu'ici, elle a du sens, autant le reste de la forme me rebute énormément. Ce qui m'empêche d'apprécier vraiment l'oeuvre à sa juste valeur, car le fond est sans aucun doute formidable, riche de sens.
7,5/10.