Journal de Tûoa a été tourné sous régime de confinement, non loin de Lisbonne, entre août et septembre 2020. Ce n'est pas un véritable documentaire puisque que quelques éléments (mineurs) de fiction y sont intégrés alors que l'on suit principalement les faits et gestes de trois comédiens, avec l'équipe de tournage qui apparait de temps à autre. L'idée est de n'avoir aucune progression dramatique et pas davantage d'évolution psychologique dans un film qui fonctionne à rebours en commençant par la dernière journée et en remontant jusqu'à la première. Oui, pourquoi pas, en effet, c'est tout de même Miguel Gomes (Ah, Tabou !) et sa compagne qui sont aux commandes de ce projet singulier, entendant donner des couleurs à la période d'enfermement qu'a constitué le confinement, qui plus est au mois d'août (tûoa, à l'envers). Très bien, mais il ne se passe strictement rien durant une vingtaine de jours : un coing pourri "rajeunit", une piscine est nettoyée, une virée en tracteur s'improvise, des chiens aboient et le temps passe ... lentement. Il s'agit bien d'un confinement mais dans une ancienne ferme avicole au jardin luxuriant et pas dans quelques mètres carrés en banlieue de Lisbonne. Grâce à la qualité de la mise en scène et d'un jeu subtil avec la lumière, l'ennui n'est pas tout à fait au rendez-vous mais l'expérience tourne tout de même à vide faute d'émotion, d'humour ou de péripéties notables.