A vec JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE, Benoit Jacquot prend le risque d’adapter pour la troisième fois le roman de Octave Mirbeau. Dès les premières scènes, on sent la volonté qu’a le réalisateur de rester fidèle au texte originel et au cadre du roman. Mais au final, le jeu beaucoup trop théâtral des acteurs empêche le film de couler et enlise très rapidement le rythme.
On ne pourra pas reprocher à Benoit Jacquot d’avoir fait un film sombre et baclé, tant les couleurs et les décors sont soignés, mais le scénario trop confus ne permet à aucun moment de captiver le spectateur. Léa Seydoux que l’on présentait comme portant le film ne réussit pas à atteindre et à faire ressentir ses émotions, et même accoutrée de nombreuses robes d’époque plus ou moins adaptées, son jeu reste fade. Le seul tirant son épingle du jeu reste Vincent Lindon qui incarne un sombre jardinier avec un minimalisme pour le moins charismatique. On regrettera cependant les quelques tirades déplacées lancées à la va-vite sans plus d’explications ni de jugement et qui lassent plus que ne surprennent.
On ressent également le travail réalisé par Benoit Jacquot sur le jeu de regard entre Célestine et Joseph, mais sans pour autant apprécier le résultat qui reste à l’image du film, fade et surjoué. JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE incarne bien ce qui pour moi reste encore le plus gros défaut de bon nombre de films français produit ces derniers temps, il se repose sur ses acteurs et impose une trame beaucoup trop théâtrale au spectateur. Malheureusement le cinéma n’est pas un théâtre, et les tirades lyriques entrecoupées de « C’est génial » rompent totalement les derniers espoirs d’un spectateur déçu et ennuyé.
Au final, le film est à l’image de Célestine, il lève la tête fier et hautain, mais parvient rarement à faire mouche.