C'est un Thriller millimétré que nous livre ici Dan Gilroy avec un Jake Gyllenhaal incarnant un personnage complexe, persécuté entre perversion et intelligence, avec géni et qui restera certainement comme un des meilleurs rôle de sa carrière.
L'affiche française est lumineuse mais laisse finalement place a un film sombre et habillement construit sur les dérives extrêmes du capitalisme Américain.
Dan Gilroy prouve ici qu'un suspens haletant n'est en rien essentiel dans la construction d'un bon thriller tant l'enchainement du film se fait facilement, chaque scène menant a la suivante dans une extrême minutie entre perversité et folie de son personnage principal. Dès l'ouverture, on ressent la profondeur et la richesse que va nous offrir le personnage de Lou Bloom, un jeune homme névrosé et captivant, abandonné du système, laissé à l'abandon face a son propre désir d'apprendre et sa soif de savoir. Pour ajouter à cette sombre personnalité, le film nous ballade dans les tréfonds d'un Los Angeles lugubre et anormalement normal, non sans rappeler celui de Drive.
Jake Gyllenhaal: un rôle complet qui mêle perversion et intelligence.
Jane Gylenhaal a perdu 9 kilos pour se placer dans la peau de son personnage et s'est comme à son habitude beaucoup impliqué dans la création de celui-ci.
Il campe ici le personnage profond et complexe d'un jeune homme tout en contraste. En effet, Lou aime la solitude en détestant être seul (il cherche très vite a être accompagné dans ses "aventures" par un assistant qu'il tentera d'éloigné tout le long du film), qui a soif d'apprendre mais qui quitte le système prématurément pour devenir un voyou de petite trempe arpentant les décharges pour survivre sans même réussir a imposer ses conditions crapuleuses. Ce trait de personnalité est perturbant pour le spectateur tant son savoir, imposant et omniprésent, fait écho à sa névrose.
Tout le long du film on assiste, souvent avec effroit, à l'escalade de ses dérives et à sa capacité à repousser toujours plus loin les limites de sa démence. Froid, prêt a tout, quitte a modifier une scène d'accident de la route meurtrier, à filmer une scène de crime ou à piéger son associer qui finit assassiné pour avoir voulu lui tenir tête, Lou Bloom est effrayant et n'a de cesse d'accentuer le mépris que l'on a à son propos. Son comprtement et ses bonnes manières, toujours exprimées par une élocution parfaitement construite colle très bien avec son profil d'homme très perturbé mais extrêmement réfléchi.
Un rythme effréné mais sans réelle surprise.
Cependant, malgré des poursuites en voiture haletantes (la dernière étant certainement l'une des meilleurs de 2014), le film ne réussi pas surprendre et peut s'avérer un peu longuet de par sa mise en scène qui reste également sans surprise. Mais c'est un film plus qu'agréable qui nous fait vivre de vrai moment de cinéma et dont on ne se lasse pas.
On y retrouve toutes les dérives du modèle américain dont les limites sont sans arrêts dépassées pour la course au toujours plus spectaculaire, en témoigne ici une presse sans aucun tabou prête à tout pour quelques pourcentage d'audience en plus. Les scènes de marchandage entre Lou et Nina réussissent à faire passer le personnage de Jake Gyllenhaal comme équilibré, reléguant sa démence au second plan, celui-ci devenant alors un acteur comme les autres d'une société déviante et pour le moins absurde.
Night Call est donc un film critique, cynique, et sans aucune futilité qui permet à Jake Gyllenhaal d'imposer un anti-héros térrifiant par le biais d'une performance exceptionnelle.