Márta Mészáros, depuis que je l’ai découverte, c’est une fois sur deux : beaucoup aimé Adoption, pas du tout apprécié Les héritières, Marie m’a charmé, Journal intime était mon quatrième de la réalisatrice hongroise. Le mouvement de balancier s’est opéré comme prévu, hélas.
Une adolescente, Juli, qui a perdu ses deux parents à cause des purges staliniennes, rentre en Hongrie avec son « grand-père » (d’adoption), malade. Elle est confiée à Magda, sa grand-tante (qui semble être sa tante), une fonctionnaire toute acquise à Moscou, à la poigne de fer, qui l’adopte. La relation va vite prendre un tour conflictuel. Juli s’évade en se réfugiant au cinéma – le film serait-il autobiographique ? Elle entreprend une relation avec un jeune lycéen, éperdu d’amour, relation qui est sans doute, dans sa naïveté, la plus belle chose du film. Elle tisse une relation teintée d’admiration envers un ami de la famille, contestataire, qui finira arrêté comme son propre père.
Márta Mészáros nous conte le parcours de cette jeune fille, qui découvre les chaussures à talon venues d’Amérique, le cinéma et les défilés de mode. La cinéaste insère des flashbacks montrant les deux parents regrettés de la jeune fille, ainsi que des images d’archives ancrant l’intrigue dans son contexte historique.
C’est toujours une faiblesse pour une œuvre d’art que de requérir une « explication » pour être appréciée. J’ai eu, tout le long du métrage, la désagréable sensation qu’il me manquait des références pour comprendre le propos. J’ai bien noté que ce qui se joue est une lutte de pouvoir entre pro Soviétiques et partisans d’une plus grande indépendance vis-à-vis de Moscou, et que cette lutte s’exprime à travers le personnage d’une adolescente. C’est un peu court tout de même. Idem sur les films que visionne Juli, qui doivent faire sens, mais lequel ?...
Résultat, je n’ai guère accroché, malgré quelques beaux plans car indéniablement Márta Mészáros a le sens de l’image : les deux visages positionnés en oblique de Juli et de sa grand-tante, une scène de flashback dans une haute carrière avec son père, un plan devant une église de nuit… Au total, beaucoup moins à se mettre sous la dent que dans Adoption et Marie. Allez, le prochain devrait pencher du bon côté !