.. et c'est important de le noter, parce que ça fait partie du problème.
Bref.
Ce "journal intime d'une ménagère folle" (pour traduire entièrement le titre) préfigure non seulement Une femme sous influence, de John Cassavetes mais aussi toute la série Desperate housewives, qui est son descendant modernisé.
Le vrai propos du film de Frank Perry est la violence quotidienne que les hommes exercent sur les femmes, violence omniprésente, que ce soit dans le ton de leur voix, leurs gestes, leurs actes, leurs pensées, leurs idées, voire leur absence du foyer.
Tout comme dans The Swimmer / Le plongeon, Perry maîtrise à la perfection les dialogues réalistes confits de malaise et d'hypocrisie, se situant quelque part entre la Dorothy Parker de la Vie à deux et l'Ingmar Bergman de Scène de la vie conjugale.
Nul doute que certains hommes trouveront le personnage du mari (interprété à grands jets d'acide par Richard Benjamin) caricatural; pourtant, à le voir distribuer ses ordres et ses sanctions à sa femme qui encaisse sans se rebiffer, on ne peut s'empêcher de penser aux dizaines d'exemples de maris réels, égocentriques et sociopathes qu'on a croisés au cours de notre vie. Plus fort encore, Perry évite le cliché de l'amant salvateur (Frank Langella), puisque celui que se choisit (plus ou moins) l'héroïne (incroyable Carrie Snodgress, dans un rôle plus que difficile dont peu d'actrices voudraient aujourd'hui) finit lui aussi par laisser éclater sa violence atavique. Jusqu'à la scène finale, si étouffante de véracité qu'on ne peut même pas décemment la taxer de cynique, qui renvoie KO les spectateurs au fin fond de leur quotidien, dont on se demande s'ils ne le subissent pas avec une complaisance certaine.
Un film plus subtil qu'il n'y paraît, sur un sujet toujours d'actualité, et qui mériterait une résurrection dans une version restaurée.