S'il y a un truc (entre une dizaine d'autres trucs) que j'apprécie particulièrement chez Chow, c'est sa capacité à introduire de manière aussi bourrine que subtilement hilarante ses références cinématographiques en pagaille, tombant souvent on ne peut plus gratuitement et faisant de l'inattendu combiné au grotesque de petits moments uniques et jouissifs. Là, dans l'immédiat je pense à Terminator 2, Ultraman ou Rocky 3 dans Love on Delivery, à Jurassic Park dans Shaolin Soccer, à Shining dans Crazy Kung Fu... sans parler de l'avalanche de clins d'oeil à ses confrères du cinoche asiat'... En général j'suis pas fan du cinéma ultra référencé, trouvant dans ces multiples réappropriations une sorte de cache misère très générationnel. Mais Chow a l'art de faire de l'introduction de ses modèles autant d'hommages que de matériaux solides propices aux plus savoureusement débiles de ses singeries.
Sans grande attentes, je lance celui-ci, me contentant tout au plus d'espérer quelque chose qui ait au moins le fun d'un CJ7... Et bam, d'entrée de jeu, une suite de références aux Dents de la Mer. C'était gagné, le film venait d'empoigner toute mon attention alors que mon attrait était partagé entre exultation et hilarité.
Ouais, hilarité. J'me suis vraiment marré devant ce film, rappelant un peu du rythme effréné de certains des plus grandes oeuvres du Monsieur, paraissant toujours prendre autant de plaisir à saccager ses moindres instants épiques et à ridiculiser ses quelques moments tragiques dans les plus abracadabrantes et inopinées pitreries, mêlant frissons de jubilation avec sursauts de rire, larmes émues et larmes hilares...
Bien entendu, on est pas dans le grand drame touchant ni dans le film le plus épique qui soit, Chow se contente de dresser ici une grosse comédie punchy bon enfant dans les pures règles de son art, saveur gros monstres baveux et arts martiaux démoniaques...
Bien entendu, on est (à peu près) en 2013 et l'ensemble ne peut se passer d'effets numériques du plus mauvais effet, enchaînant des créatures approximatives aux incrustations désastreuses à des décors vomissant leurs lueurs baveuses d'ocres et jaunes-dorés pastels synthétiques typique de la mode asiatique actuelle... Et même si on a franchement vu pire, on a ici d'autant plus de mal à l'encaisser que tout le reste est presque nickel.
Les acteurs sont bons dans leurs rôles, drôles et parfois touchants, la mise en scène est excellente, servant à la perfection tant les gags complètement cons de l'énergumène jouasse caché derrière les ficelles de cette grosse farce, que les petits moments purement explosifs que ce même énergumène sait si bien nous concocter, l'histoire à base de démons suivant à nouveau les pattes du Roi Singe et de sa légende revisitée reste très prenante, et l'ensemble s'avère être un excellent Chow comme on les adore, plein de petits moments mignons, d'autres tordants ou encore jubilatoires, le tout dans un gros mélange bordélique.
Ça n'est pas de la trempe de ses meilleurs show, d'ailleurs Chow y manque cruellement, mais ça en a tout le fumet. Et c'est avec l'enthousiasme réjoui de fin de visionnage encore tout chaud (ok j'arrête) que je note et surnote ce film d'un gros 8, le plaçant sans hésiter en tête de mon classement 2013. Quel plaisir qu'un tel film, ça m'avait manqué. Je veux une sortie ciné ! Et j'en veux d'autres.