JSA a cela de marquant qu'il réunit des éléments à priori des plus opposés, mais qui se révèlent être très proches. Ce film est l'histoire de clivages qu'on imagine très marqués, manichéens, mais qui sont finalement pérméables. Ceci est d'abord marqué par une frontière construite entre les Corées qui sépare des hommes semblables, des frères. Mais cette division se situe également dans la nature humaine, où cohabite le meilleur comme le pire : comment un humain peut-être capable de tant de choses, de condenser ces mutliples facettes ? Qui aurait pu penser que la frontière entre la fraternité, les sourires et notre "bête humaine" était si fragile ? Pourtant ces frontières si bien construites matériellement, symboliquement et mentalement seront percées plus d'une fois.
Ce film a cela de bon qu'il nous questionne sur nous-même: quand on en arrive à tirer sur un camarade (qui était certes peu de temps avant un ennemi), on se demande ce que le contexte, une situation donnée peut nous amener à faire en temps qu'individu. Ce contexte si fort qui peut transformer (ou révèler ?) n'importe quel homme, comme le montre si bien Browning dans "Des hommes ordinaires".
Malheureusement, je reprocherai au rythme d'être légèrement trop lent, et même si cela sert le film pour la dernière partie qui est simplement grandiose, on perd tout de même un peu le fil de l'histoire qui reste au final assez simple, mais tellement marquante.