Aie aie aie, ton ombre est par-dessus la ligne, fais attention
En s'attaquant de front à l'une des plus grandes bêtises et un des plus gros gâchis de l'histoire de l'Asie (la division de la Corée) PCW signe à la fois une satire évidente et corrosive de la situation, en particulier au niveau de la frontière, et bien entendu il pousse un cri de désespoir, le même que pousse une grande partie du peuple sud coréen qui ne peut avoir aucune relation avec les frères et soeurs du nord... malheureusement si la guerre froide est finie, certaines conséquences désastreuses sont toujours d'actualité...
C'est donc avec un ton cynique bien dissimulé pour ne froisser personne qu'il nous offre cette histoire insolite, une histoire d'amitiés entre des hommes qui n'auraient jamais dû se rencontrer (alors qu'ils passent toutes leurs journées à quelques mètres les uns des autres), une amitié tellement simple, presque enfantine, qu'elle touche forcément. Même si la tension liée à un patriotisme stupide mais tenace n'est jamais bien loin, ces gars là vont s'amuser, toutes les nuits, des jeux stupides mais leurs échanges sont aussi émouvants quand ils découvrent la patrie des autres. Vu comme ça le film peut paraitre sans grand intérêt sauf que dans sa construction il est en tout point parfait!
Pour réussir ce coup-là il fallait un scénario sans faille et c'est le cas. Ca fonctionne sur tous les niveaux et il réussit à nous surprendre, du grand art! Les personnages sont tous très travaillés, se dévoilent au fur et à mesure et on ressent de plus en plus de sympathie pour ces soldats qui n'ont pas oublié qu'ils étaient des êtres humains avant tout. La confrontation finale est d'autant plus glaçante qu'elle remet les choses dans leur contexte politique, à savoir que les coréens du sud, en particulier les militaires, se doivent de haïr ceux du nord... et vice et versa... Le final du film est terrible, d'une force phénoménale, sacré tour de force!