Après avoir papillonné dans le bush et parlé la langue de Goethe, les zombies fument désormais des cigares à la Havane…
Juan est un mec cool. Le genre de mec toute l’année en marcel pas net et tongs usées jusqu’à la corde, le genre de mec à siroter gravement du rhum arrangé sur les toits de La Havane en dissertant sur les errements d’un communisme en jogging mais imprévisible, le genre de mec à vivre de petites combines vachardes et sans conséquence avec ses potes bizarres et aussi cool que lui. Juan, c’est The Dude sans le bowling mais avec une canne à pêche. Depuis le toit où il a élu domicile, il observe d’un air désabusé ses contemporains et lorsque ceux-ci se mettent à s’entredévorer, il y voit une magnifique occasion de monter un business juteux de dézombification. Armé d’un cynisme à toute épreuve (non dénué d’humanité néanmoins), d’une pagaie fatale qu’il manie comme Poséidon son trident et accompagné de sa troupe de paumés excentriques et opportunistes, il vous débarrasse de vos morts-vivants en deux temps trois mouvements. Aussi efficaces que l’agence tous risques, aussi redoutables que les expendables, aussi chevelus que les anges de Charlie, Juan et sa bande sont la terreur des zombies. Sauront-ils toutefois résister à l’irrépressible progression d’une épidémie fortement importée des États-Unis ? Et l’issue de cette lutte finale est-elle si importante alors qu’on s’interroge encore sur la date de diffusion de la sixième saison de Walking dead ?
Comme son titre l’indique subtilement, Juan of the dead est le pendant cubain et ensoleillé de son illustre prédécesseur britannique et pluvieux. On y retrouve les mêmes ingrédients dramatiques, parodiques et décomplexés mais à l’humour absurde, froid et humide du duo Pegg/Frost, Alejandro Brugues (le réalisateur) oppose l’énergie foutraque, solaire et chaleureuse de deux gentils outsiders revenus de tout. Le résultat est rythmé, coloré et extrêmement sympathique. On passe donc un bon moment à suivre les aventures et les exploits de ces héros qui n’en sont pas et lorsque le film se termine, on se dit qu’on prendrait bien un ou plusieurs Cuba Libre…Ce qui n’est pas la pire des façons de finir une soirée mousse.
Pourquoi regarder : parce que Juan of the dead, c’est mieux que Juan le mouton.
Pourquoi ne pas regarder : parce que les morts-vivants, ça reste des morts. Mais vivants.