Film, inspiré d'un roman de Thomas Hardy écrit 100 ans plus tôt, qui pose un regard critique sur les fondements du mariage, de l'éducation, la prédominance de la religion, et la lutte des classes. Mais pas de façon prosaïque, tous les sujets abordés se relient au fil du récit.
Récit qui se déroule pendant la période victorienne dans l'Angleterre de la fin du XIXe siècle. Jude est, malheureusement pour lui, le parfait loser absolu. Il rêve d'être un érudit, de devenir enseignant mais malgré son implication perpétuelle, sa farouche volonté d'autodidacte, il n'arrive pas à parvenir à ses fins. Il n'est "que" Maçon/tailleur de pierres, ce qui en soit est un métier plutôt noble, le travail des mains c'est fabuleux...mais c'était pas son objectif.
Il ne lui arrive que des tuiles, il quitte la province après un mariage on ne peut plus raté avec la première paysanne venue (qui pour l'appâter, lui jette de la viande à la gueule...vraiment^^) et se dirige vers Christminster, terre de promesses et savoir avec son université réputée mais tout ce qu'il trouvera c'est l'amour. Le vrai, pas celui à la va vite brièvement effleuré avec sa femme. Le grand A, sauf que c'est avec sa cousine Sue. Il faut dire que les deux sont faits pour s'entendre. Ils sont cultivés, anticonformistes et intelligents. L'attirance est quasi instantanée...oui mais il est marié. Et un mariage dans le XIXe siècle, on ne s'en débarrasse pas comme ça en un claquement de doigts. Surtout quand la femme est partie vagabonder en Australie.
Cet amour si proche, au bout des doigts mais tellement interdit les amène à se repousser. Jude va même pousser sa cousine à épouser l'instituteur qui l'avait lui même poussé jadis à poursuivre ses rêves d'instruction. Difficile de faire plus masochiste, les deux êtres qui comptent le plus dans sa vie font la leur...loin de lui. Mais c'est voué à l'échec, comme à peu près tout ce qu'il entreprend. On ne peut pas s'éloigner de l'être aimé comme ça, surtout quand il y a réciprocité. C'est un sacrifice vain car personne ne peut être heureux.
Donc, il part la retrouver puisqu'il n'a pas le choix. Surtout qu'elle n'attend que ça, la cousine, lui intimant de "toujours continuer à l'aimer quoi qu'il arrive". Le mari, beau joueur et lucide, ne fera rien pour les empêcher de se retrouver puisqu'il savait déjà en l'épousant qu'il n'était qu'un choix de raison. Il espérait sans doute gagner le coeur au fil du temps, quête vaine bien sûr. A part la dégouter il n'obtiendra rien de ce mariage.
Mais les conventions à l'époque sont très lourdes. Le couple de cousins est confronté à ce choix de vie. Puisqu'il n'y en a pas d'autres possible pour eux, ils s'aiment c'est le principal. Sauf qu'un couple non marié est illégitime et est honni par la société, surtout quand ce couple a des enfants. Ce qui est la suite logique des choses. le problème c'est qu'entre temps il apprend de sa femme (celle reconnue par l'église) qu'il a eu un enfant avec elle et qu'il doit s'en occuper car elle en est incapable. Quand je disais qu'il n'y avait que des tuiles...8 ans après, la bombe, et un chiard lui tombe dans les bras.
Sue, l'accueille à bras ouverts, ce qui démontre à quel point elle est amoureuse de Jude. Peu importe le passé, le gamin n'y est pour rien. Acte de générosité dans le plus grand désintérêt personnel, mais la vie reste très compliquée pour la famille qui ne cesse de s'agrandir. Vivre l'amour au grand jour face au mépris c'est éreintant. Et ça va finir par les détruire, le film était déjà assez sombre mais on atteint le point de non retour pour conclure. Le dernier clou dans le cercueil pour célébrer cet amour interdit par tous. Je ne rentre pas dans les détails, le choc mérite bien plus d'être encaissé en regardant qu'en le lisant. C'est à la fois un film poétique et tellement désespérant qui prend aux tripes. Je ne connaissais absolument pas Christopher Eccleston, l'acteur principal, il est saisissant. Tout comme Kate Winslet mais là il n'y a pas de surprises, puisqu'elle est fabuleuse.
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