Voilà une bonne surprise.
Une très bonne surprise.
C'est fun, c'est drôle et c'est pas si bête.
Le passage d'un jeu de plateau à un jeu vidéo est plutôt une bonne idée. Malheureusement, qui joue aux jeux de plateau de nos jours? Cela permet une bonne immersion et des références sympathiques telles que l'enfer des NPC, les cinématiques, les tâches prédéfinies et les scénarios qui ne vous laissent pas explorer comme bon vous semble.
Ce qui manque du Jumanji d'origine, c'est la menace. Dans Jumanji, le jeu essayait vraiment de tuer les gosses (d'ailleurs, avec le recul et après l'avoir revu à l'âge adulte, c'est un film très noir). Ici, le jeu cherche toujours à piéger les enfants mais ils ont 3 vies (le jeu doit certes se conformer aux règles de son nouveau format) et les menaces sont réelles mais semblent légères par rapport à des hordes d'animaux qui déboulent pour vous écraser à chaque coin de la maison.
D'autre part, le jeu ne sort pas du jeu ce qui diminue l'enjeu (jolie allitération non préméditée).
Un peu dommage mais la rançon d'une époque qui édulcore tout.
Le film suit les développements normaux d'un jeu de niveau avec les absurdités tels qu'un personnage qui explose parce qu'il a mangé du gâteau. Tout ceci s'enchaine avec bonne humeur et rythme.
Côté méchant, il est générique comme de juste.
C'est le casting qui emporte le pompon!
En tête, Dwayne "The Rock" Johnson qui joue de son physique et de son image pour interpréter un adolescent de 15 ans chétif et craintif. Il éprouve manifestement beaucoup de joie à s'interpréter lui même, à caricaturer ses rôles habituels. Bref, il s'éclate à être lui! Le capital sympathie de Johnson, son charisme indéniable et son jeu tout en finesse en font un héros qu'on aime à suivre.
Celui qui tire le mieux son épingle du jeu, c'est Jack Black qui campe une adolescente de 15 ans superficielle (en apparence) et obsédée par son téléphone. Sans en faire des tonnes (même pour le gag du pénis), il est crédible en adolescente. Il est drôle et touchant. Bref, Jack Black restaure ici ma foi en sa capacité d'être un acteur au lieu d'un énergumène grimaçant et hurlant.
Ce n'est pas le cas de Kevin Hart, qui ne semble capable de jouer qu'une seule chose : Kevin Hart. Malheureusement, le jeune homme qu'il est sensé être n'a pas le comportement de Hart dans le monde réel, alors que les autres acteurs se sont manifestement mis au diapason de leur alter-egos.
Cependant, il est moins énervant que d'habitude, dieu merci. Je ne l'ai pas haït tout au long du film.
Reste Karen Gillan qui sans être exceptionnelle n'est pas épouvantable non plus. Elle a le personnage le moins intéressant puisque l'opposition entre elle et son ado n'est pas aussi radicale que pour les autres. La jeune fille n'est pas laide ou difforme ou totalement handicapée socialement. Elle est normale et moyenne et son avatar, bien que totalement badass (jolies scènes de combat, bien orchestrées), n'est différente que parce qu'elle porte un short et un crop top.
La leçon que tireront les ados de leur aventure est sympathique et pas trop passée à la truelle. Ils en seront profondément améliorés plutôt que changés. En effet, les qualités qu'ils se sont découvertes dans le jeu étaient là au départ. Le meilleur exemple est Bethany qui, bien que superficielle en apparence, a le coeur à la bonne place dès le départ.
Sa relation avec l'indispensable ado coincé dans Jumanji depuis longtemps est bien gérée, malgré un potentiel de dérapage aigu à cause de la différence d'âge. Cette relation est mignonne, charmante et très touchante. Et très bien gérée par Black et Nick Jonas (c'est pas tout les jours qu'on écrit ça quand même).
Je note aussi au passage un hommage discret mais bien présent à l'original et à Robin Williams en particulier. Juste ce qu'il faut pour le rattacher au précédent mais sans en faire des caisses. Comme le casting!
Bref, je vous conseille avec enthousiasme et sourire ce petit film bien fait et sans autre prétention que de distraire.