J’avais adoré le premier Jumanji. Ce deuxième opus était donc à double tranchant :soit il titillait ma nostalgie, soit je criais au blasphème.
Et au final, Jake Kasdan ne s’en sort pas si mal. Son film est médiocre dans l’ensemble, mais il évite la catastrophe avec habileté et efficacité, à défaut de génie. Je ne serai pas aller le voir au ciné si mon aînée ne l’avais pas demandé, car nous avions regardé ensemble le premier (dont l’histoire a très bien vieilli, contrairement aux effets spéciaux). Ce qui ajoute sûrement un peu de complaisance dans ma note.
Cet opus n’a pas la force du premier, mais il sait intelligemment en prendre la suite et surtout l’adapter à notre époque par le biais du jeu vidéo. Cette évolution se justifie et surtout Jumanji : Bienvenue dans la jungle parle du jeu vidéo sans le caricaturer. Ce qui est déjà pas mal.
« Le format du jeu vidéo se prête par ailleurs parfaitement à l’univers de Jumanji car il permet aux personnages de laisser leur monde derrière eux et de devenir quelqu’un d’autre : un aventurier, un docteur, un héros... Il nous a semblé que c’était un bon moyen d’explorer des thèmes classiques intemporels tels que l’acceptation et le dépassement de soi. » Le producteur Matt Tolmach (Allociné)
A posteriori, j’aime assez cette remarque de Karen Gillan, sur sa tenue jugée trop courte et moulante, faisant penser à celle de Lara Croft.
« Le costume de Ruby est très intéressant car il souligne la manière très stéréotypée dont les femmes sont généralement représentées dans les jeux vidéo, en particulier ceux des années 90. J’ai pris plaisir à inventer ma propre version de ce personnage convenu en le faisant porter à une adolescente qui ne mettrait pour rien au monde ce genre de tenue en temps normal. Cela donne d’ailleurs lieu à des moments très drôles dans le film ! » (Allociné)
Je n’irai pas jusqu’à dire très drôle, mais les remarques sont pertinentes et font mouche. Le film sait jouer avec les codes du jeu vidéo et du film d’action, pour mieux s’en amuser. Je trouve que globalement le casting s’en sort bien, avec une bonne dose d’autodérision. Les acteurs « avatars » savent bien faire ressortir les caractères des adolescents derrière la manette. Dwayne Johnson en premier, qui m’avait déjà convaincu dans Southland Tales, Jack Black est toujours impeccable et sait très bien faire ressortir sa part féminine, Karen Gillan sait parfaitement casser son image de jolie rousse (même si j’avoue que je suis aussi sous le charme). Seul Kevin Hart me semble hors propos et en fait des caisses, mais son personnage d’origine me semble mal caractérisé dès le départ.
Elément important aussi à prendre en compte, le film change de public. Autant le premier s’adresse à un public jeune, autant le second cible vers les adolescents. D’où la présence de blagues sous la ceinture pour adolescents en surdose hormonale. Jake Kasdan n’évite malheureusement pas l’écueil du teen movie et de ses mauvaises habitudes.
Le film laisse tout de même une frustration. Il permet d’entrer dans la jungle dans laquelle Alan Parrish (Robin Williams) a été enfermé, même si cela a déjà été décliné en série animée, et il montre aussi le côté évolutif du jeu Jumanji, mais on n’en saura pas plus sur ses origines ou ses motivations. Pourquoi à travers les générations le Jumanji cherche-t-il à piéger des joueurs ? On ne le sait toujours pas.
Il est aussi regrettable que le déroulement soit aussi proche de l’histoire du premier. La forme a changé, mais absolument pas le fond. Jumanji : Bienvenue dans la jungle aurait pu avoir plus d’ambition et ne pas se contenter d’être une catastrophe évitée.