A l'image de son héroïne, Jeanne, inspirée par une jeune femme qui a "officiellement" épousé la Tour Eiffel (sic), Jumbo est un premier long-métrage très spécial. Ce portrait d'une objectophile, amoureuse d'un manège de parc d'attractions (fatal), n'est pas traité de manière réaliste, mais dans une veine plutôt poétique avec quelques flamboyances organiques, sans que cela concurrence le Crash de Cronenberg, évidemment. Les scènes les plus étranges sont celles qui ont le plus de puissance, la réalisatrice ayant plus de mal avec la "normalité" de l'entourage de la jeune fille, ne lui accordant d'ailleurs que peu d'espace. Jumbo hésite hélas un peu trop entre onirisme et fantastique, n'osant pas s'inviter encore plus avant dans l'esprit de Jeanne que certains qualifieraient aisément et un peu trop facilement de "dérangé". Mais ces imprécisions, voire ces maladresses, font le charme gauche de Jumbo qui évite le ridicule que son sujet pouvait entraîner grâce à une bienveillance de tout les instants de la réalisatrice pour son personnage atypique. Visuellement, et malgré un évident manque de moyens, le film fait impression, en particulier dans les scènes où s'unissent peau et métal. Mais l'atout maître reste en tout état de cause la performance de Noémie Merlant, encore une fois étourdissante après sa prestation remarquée dans Portrait de la jeune fille en feu. Quelle que soit la partition qu'elle ait à interpréter, cette actrice semble capable de tout jouer avec un culot et une intensité ébouriffants.