Ce que l'Amour pour un objet, dans ce qu'il a d'impossible et de désespéré, pouvait susciter de beauté tragique, Zoé Wittock choisit de ne pas l'explorer.
Dans Jumbo, l'amour de Jeanne pour l'immense machine éponyme est si banalisé qu'il sert un propos sur la tolérance aussi désolant que peu original. Ce "chacun a le droit d'aimer comme il veut" élude toute la portée subversive qu'aurait pu (dû?) comporter le récit.
Au lieu d'interroger ce que peut avoir d'extraordinaire, de vertigineux et d'insoluble cette sexualité non-normative, la réalisatrice la banalise. À tel point que le scénario n'aurait pas été sensiblement modifié si la machine avait été remplacée par n'importe quel humain jugé non désirable par la famille de la jeune fille. La relation femme-machine est traitée, du point de vue de l'économie du récit, comme une relation d'amour quelconque.
Au milieu de scènes pleurnichardes (il faut vraiment qu'Emmanuelle Bercot arrête de pleurer à l'écran) et ridicules (la remise de diplôme d'employé de l'année notamment, et à peu près toutes les scènes avec Sam Louwyck...) surgissent de belles trouvailles (la copulation sur fond blanc, huileuse et sensuelle ; les maquettes de manèges...)
Autre bémol, et pas des moindres, les rôles sont vraiment archétypaux (l'introvertie, la mère excentrique et envahissante, le beau-père sympa…)
On a le sentiment que la réalisatrice a refusé d'aborder la complexité de son sujet et la fin qu'elle a choisi confirme qu'elle a préféré la facilité en faisant basculer le film du côté de la (mauvaise) comédie.