Ayant été conquis par le jeu de Noémie Merlant dans Portrait de la jeune fille en feu, ce film de Zoé Wittock me tentait rien que pour sa présence au sein de la distribution du film.
Dès le premier plan on flirte avec le film de genre, et on va explorer cela à plusieurs reprises dans le long-métrage. Ce parti pris me plait beaucoup, parce que ça permettra à certains de la fermer lorsqu'ils disent "Ohlala en France on ne fait jamais de films de genre on est vraiment nuls". Bon ok le film n'est pas que français. Mais là, le synopsis ressemble vraiment à un synopsis de Quentin Dupieux... Et que si dans ce synopsis on avait remplacé la jeune femme par une petite fille et que c'était un Disney Pixar, tout le monde aurait crié au génie face à cet appel à la tolérance. Alors déjà rien que pour ces bouts de films de genre qui s'intègrent parfaitement au film et permettent de faire des métaphores de temps à autre, même si celles-ci ne sont pas d'une grande subtilité, bravo. Il y a ce travail sur les couleurs, les lumières du manège. Oui c'est "facile" de faire des lumières colorées et bien pétantes, mais leur donner un sens c'est autre chose. Même si ce n'est pas du symbolisme très poussé, ça fait tout simplement du bien à voir, ça sert l'histoire.
L'histoire parlons-en, elle est très atypique et son traitement est plutôt juste à mes yeux même si les défauts du film arrivent là : le développement des personnages est pour moi le point faible du film. Ce n'est pas qu'ils ne sont pas assez développés ou que les acteurs ne sont pas justes, mais qu'il y a des phases dans leur développement qui parait illogique.
Par exemple, cette relation fusionnelle entre une mère et sa fille qui part en vrille aussi soudainement, ça parait illogique. Ce jeune homme à la fois bienveillant mais dont l'objectif est quand même de se taper la fille, c'est une ambivalence pas évidente à maitriser non plus et on sent que Wittock a eu du mal à savoir sur quel pied faire danser ce personnage-là. Et enfin, le personnage de Jeanne qui semble ne pas avoir d'âge, cela crée une certaine perte de repères pour le spectateur. Noémie Merlant est pour moi tout le temps juste même dans les réactions les plus excessives de son personnage, mais le fait que l'actrice ait 30 ans et que son personnage semble plus jeune amène à une sorte de décalage un peu malaisant, je ne saurais trop l'expliquer.
Enfin, tous les défauts que je viens de mentionner ne nuisent pas du tout à l'expérience de visionnage. J'ai passé un très bon moment devant ce film et je l'ai trouvé très touchant. Ce n'est pas le film le plus habile que j'ai vu de ma vie, mais il me semble juste, sincère, honnête et beau malgré ses imperfections.