J'ai abordé Junk Head avec des attentes minimales. Le trailer ne fait pas du tout envie et présente un gloubi boulga sans queue ni tête de pate à modeler en stop motion et de mouvements de caméra gerbatoires. Et comme il insiste bien sur le fait que le réalisateur a tout fait tout seul en 7 ans, sans expérience dans le cinéma, il y avait de quoi être dubitatif.
Et pourtant, Junk Head est un film d'animation très attachant et étonnamment bien ficelé. Il présente un univers complètement barré et visuellement délirant, mais avec un écosystème bien défini et une vraie cohérence interne. Esthétiquement, c'est un délire à mi-chemin entre le glauque et le mignon qui m'a fortement rappelé les productions d'Amanita Design (Botanicula, Machinarium) et Ace Team (The Eternal Cylinder).
Parmi les influences, il est impossible d'ignorer la filiation au manga "Blame!" tant l'univers et les décors en semblent tout droit sortis. On a les grands corridors et les escaliers interminables, les ascenseurs vertigineux, les poutres de béton colossales couchées en travers d'abîmes sans fond, et là-dedans s'égayent les survivants d'un apocalypse évoqué à demi-mots.
Mais Junk Head est beaucoup plus léger que Blame! et malgré sa violence modérée, c'est un peu la version familiale de l'oeuvre de Tsutomu Nihei. On a un héros rigolo, plein de personnages haut en couleur, beaucoup d'humour et des course-poursuites frénétiques quand la faune locale vient s'en mêler. L'histoire est... un prétexte pour une épopée dans cet univers décalé. Ne vous attendez ni à une fin ni à quelque résolution que ce soit, mais le voyage est excitant et ne ressemble à rien qui ait été porté à l'écran jusqu'à présent.