Mash-up de La Belle et la Bête et du 5e Élément.
Ok, oui, bon, d'accord, c'est beau. C'est magnifique et inventif, la post-prod a fait un boulot de dingue.
Seulement, c'est pas parce que le packaging est fou que les céréales sont bonnes. Et là, elles sont rances.
Tout est rance, tout est vu, revu, sans inventivité. Comment passer de l'enthousiasme de Matrix à ce mélange de clichés et de bêtises assumées ? Où sont les Wachowski?
M.Kunis et C.Tatum. Si on met tout le budget dans la post-prod, on a ce qu'on récolte en termes d'acteurs à mono-expression faciale. Irradiant l'ennui et le désoeuvrement, ce couple est aussi crédible que ridicule. Tout au long du film, on attend que Bella embrasse Edward, qui la rejette un peu, puis beaucoup, parce qu'il mort les têtes couronnées, le con. Mais tout le monde pousse un soupir de contentement quand finalement Bella embrasse Edward, au milieu d'un monde en implosion.
Oui oui, le baiser avant la fin du monde. Oui, c'est un cliché, un gros, un énorme, mais presque une souris au milieu des pachydermes stéréotypés du film. Un petit catalogue? L'héroïne, cette damsel in distress, sauvée par un homme bougon, secret, qui cache des blessures profondes, mais qui sauvera toujours l'héroïne (peut-on parler d'héroïne pour un personnage qui ne fait RIEN?) au moment où la musique s'accélère puis se suspend, où l'alien est passé en mode "Je te saute dessus, mais je suis en slow motion, grave suspens". Cool hein? C'est sans compter le trio royal, la vieille soeur qui veut retrouver sa jeunesse, le bellâtre menteur, et le méchant asthmatique. Oui, un méchant qui a du mal à respirer et qui sue (à ce moment, la salle riait déjà à gorge déployée, à environ 15min du début du film).
Tout transpire le cliché. Même la bande-son, déjà connue, déjà digérée, pré-mâchée, tirée d'une compil des Indispensables du space-opéra inspiré-qui-doit-comporter-des-passages-d'émotion. La musique sature des actions qui s'enchaînent tellement vite qu'on ne peut saisir aucune nuance, aucune pause, aucune cohérence.
Finissons sur le personnage principal. On pourrait s'attendre à un personnage féminin qui s'assume seul, "badass", entreprenant. On assiste à la place au rôle type de la meuf qui se fait sauver, qui ne comprends rien, qui pleure: on me sauve, je me pose des questions, on me sauve encore, je dois faire des choix, je pleure. A un moment, quand tout devient critique, on la voit se rebeller, se battre, on se dit "ALLEZ PTET QUELQUE CHOSE A SAUVER", mais non, elle tombe, il la rattrape, le synthé exulte, et les couleurs s'empourprent.
Je vous ai dit qu'il y avait des clichés ? Non parce qu'on passe quand même par le méchant bien propre sur lui, dont tout le monde sait qu'il ment SAUF l'héroïne et par 3 moments où le héros, mais IL VA MOURIR DANS CETTE SITUATION INVRAISEMBLABLE OÙ LA MUSIQUE S'ARRÊTE ET TOUT LE MONDE REGARDE PAR LE HUBLOT. et en fait non.
Bref, bref, dans une salle à moitié pleine qui alternait entre soupir d'ennui et de désolation et éclats de rire, on essaie de saisir, dans ce foutoir coloré et sans cohérence, les belles innovations des Wachowski, les créations d'objets, de costumes, d'univers. Dommage de s'être arrêté au brouillon.