Féérie du chaos
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Le film des soirées famille réussies de notre jeunesse, le frangin et nous-même en apnée, à la fois effrayés et fascinés par les dinosaures, vivant le film avec les enfants traqués, devenant super fans de Ian Malcolm, et ancrant à jamais cet amour du cinéma-divertissement généreux, considérant son spectateur comme son ami, voulant repousser les frontières du réel en se creusant la tête (les animatroniques et les effets numériques sont stupéfiants). Grandir avec Jurassic Park, c'est transpirer quand le T-Rex court après la Jeep, s'esclaffer quand le docteur Ian Malcolm débite tous ses paradigmes cyniques, retenir son souffle quand les vélociraptors pourchassent lentement les enfants dans la cuisine, se laisser porter par la musique enlevée de John Williams... Et continuer de le partager à l'âge adulte, c'est s'apercevoir que les trucages n'ont pas vieillis (ils surpassent de très nombreuses productions actuelles), et qu'on se laisse à chaque fois berner, embarquer par le suspens du film comme des gamins qui ne l'auraient jamais vu. On ne s'en lassera jamais, tout étant instantanément mémorable, avec des acteurs qui sont excellents, campant des personnages très attachants (de la maladresse, de la bonhommie, du cynisme amusant... du grand Spielberg) mis en valeur dans un film qui ne se contente jamais d'exhiber son bestiaire, mais le met au service des émotions intenses que les péripéties produisent. Pas étonnant que le métier de paléontologue a connu un regain d'inscriptions en fac phénoménal dès la sortie du film, car qui, sous la lumière amoureuse et rocambolesque de Spielberg, n'aurait pas envie de devenir ces héros au chapeau et bandana qui n'ont pas besoin d'être taillés en V pour impressionner son public ? Pour nous, on restera toujours Team Malcolm : "P*****, j'en ai marre d'avoir toujours raison..." Et si l'envie vous prend de voir certains "dinosaures" en vrai (sans avoir besoin d'aller aux États-Unis), rendez-vous à Lyon au Musée des Miniatures et du Cinéma, on recommande mille fois la visite de ce très beau temple de cinéphilie. Jurassic Park restera donc une madeleine de Proust savoureuse que l'on ne peut s'empêcher de remettre régulièrement (et toujours en famille, on ne change pas les bonnes habitudes), objectivement un véritable bijou d'inventivité, d'angoisse par compassion, de trucages bien fabriqués, et délicieusement ponctué d'humour noir.
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Créée
le 4 mars 2023
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