22 ans après le chef d’œuvre incontestable de Steven Spielberg, la franchise «Jurassic Park» est de retour dans les salles de cinéma avec un nouvel opus évidemment très prometteur. Pour les fans, c'était d'autant plus attendu, que la franchise profite d'une nostalgie déjà bien entretenu depuis ces dernières années. Cette fois intitulé «Jurassic World», le film s'inscrit dans cette tendance actuelle quasi incontournable, du reboot, remake et autres suites qui cherche avant tout à plus de spectacle et/où plus de violence afin d'attirer toujours plus de curieux. Réalisé par le plutôt inexpérimenté Colin Trevorrow, ce quatrième Jurassic plutôt fidèle d'ailleurs au produit de base, s’avère être à mes yeux bien plus réussit que les deux précédents opus («Le Monde Perdu» et «Jurassic Park III») - Et pourtant, le film peine à me convaincre pleinement ... Explication !
Synopsis
22 ans après l'échec de John Hammond, le «Park» aujourd'hui intitulé «Jurassic World» a enfin ouvert ses portes. Alors qu'il s'apprête à dévoiler leur nouvelle attraction : L'indominus Rex - un dinosaure génétiquement modifié, celui-ci s'échappe et sème la terreur dans tout le parc. Seul espoir de mettre fin à cette menace reptilienne : Owen Grady ancien militaire reconverti dans l’élevage de raptors.
Points Forts
- Clins d’œil - Clins d’œil
Certain reprocheront à Colin Trevorrow, et à juste titre d'ailleurs, de ne pas avoir su suffisamment travaillé sa mise en scène, de sorte à nous (re)donner ce grand frisson tant attendu depuis le grand «Jurassic Park». Une tache qui s’annonçait par avance difficile me direz vous, surtout face à ce chef-d’œuvre qui le précède. Pour autant, il serait dommage de fermer les yeux sur l'énorme travail effectué par le réalisateur, notamment celui de mémoire qui consiste à perpétuer le souvenir de l'ancien "monde" afin de nous procurer tout de même quelques sensations enthousiastes. Seulement voilà très certainement moins criant que son prédécesseur car plus maligne surement. Pour se faire, c'est avec une certaine habileté et il faut bien le reconnaitre, que Colin Trevorrow va chercher à entretenir tout au long du film notre nostalgie du bon vieux «Jurassic Park», en multipliant les clins d’œil référentiels afin de puiser dans nos souvenirs les plus lointains et ce jusqu'à l'éveille de nos sensations d'antan. S'effectue en parallèle une sorte d'hommage au premier film et uniquement, car comme l'a révélé le réalisateur lui même dans l'une de ses interview : «Jurassic World» se rapproche bien plus d'une suite directe à «Jurassic Park» qu'une quelconque autre suite. C'est donc avec grand plaisir que l'on retrouve par exemple la dimension familiale propre à la franchise avec Claire et ses neveux, l’émerveillement de Gray face aux dinosaures qui nous rappel celui de Tim dans «Jurassic Park», ou encore le retour du docteur Wu, la seule tête d'ailleurs familière au premier opus. Coup de frisson également garantie lorsque le parc s'ouvre à nous sur le thème musical de John Williams, et il en sera de même lorsque Zach et Gray découvriront les anciens vestiges du Park oublié. Une foultitude de clins d’œil savoureux donc (aussi jusqu'au canevas narratif quasi identique) qui apportera à chacun j'en suis certain son petit coup de frisson derrière la tête.
- «Jurassic World» une satire ?
Il y avait déjà dans « Jurassic Park », une certaine moralité intéressante face aux rêves démesurées de John Hammond qui aime dépenser sans compter, et les lois de la nature (même génétiquement modifié) qui lui donneront seulement l'illusion du contrôle. Dans «Jurassic World», c'est une toute autre moralité qui se met en place, bien que pas totalement incompatible avec la précédente. S'il veut son message subtil mais bien réel, Colin Trevorrow se devait forcement de renouveler les moralités d'antan et surtout de l'est adapter aux mœurs actuels.
22 ans après l'échec de John Hammond, le parc à enfin ouvert ses portes et Isla Nublar est sous contrôle. C'est à travers cette situation en apparence sous contrôle, que le réalisateur américain dénonce avec manière une société aujourd'hui toujours plus insatisfaite, en constance recherche de sensation forte, incitent même les industries à créer toujours plus gros, plus impressionnant, plus sensationnel même si cela demande des sacrifices. Tout un symbole d'une société de consommation devenu infernale. Subtilement, Trevorrow nous met donc au pied du mur, il créer ainsi une interaction entre le public de «Jurassic World» et nous même. On assiste d'abord avec curiosité à un panel d'attractions, où l'on se promène entre autres au milieu des créatures à travers la fameuse gyrosphere, tandis qu'un peu plus loin on assiste au fabuleux festin du Tylosaurus (un requin). Puis secrètement on se met alors à rêver plus grand. Pourquoi pas d'une réelle visite dans ce parc ? Un jour peut-être... Et soudain, l'effet saisissant retombe pour laisser place à l'action tant attendu. A l'image du public de «Jurassic World», le T-Rex par exemple continue d'attirer quelques curieux mais à lui tout seul il ne suffit plus à porter le film / à faire vivre le parc car c'est du déjà vu et revu. Alors que faire ? Créer une nouvelle espèce de dinosaure ? Évidemment, car se renouveler pour que les chiffres de fréquentations ne chutent pas est aujourd'hui primordiale. Une question de rentabilité et surtout de chiffres qui va finir par coûter cher en vie humaine. C'est donc ici l'une des intrigues majeur du film que Trevorrow s'efforce de mettre en place (surtout dans la première partie de film), afin de pérenniser la tradition. La mise en place de cette moralité représente par ailleurs le gros point fort de ce long métrage.
- Point de Domptage que du Dressage !
Parmi les bonnes idées de « Jurassic World », se trouve celle du dressage des Raptors, entrepris par Barry (Omar Sy) et Owen Grady (Chris Pratt). Un peu à la façon d'un dresseur de fauves, les deux personnages tentent ainsi de contrôler les Raptors avec patience, pédagogie et soin, car comprendre l'animal et adapter leur dressage en fonction du comportement de chacun est primordiale pour eux. L'idée d'un rapprochement possible entre l'Humain et le Raptor était déjà sous entendu (de façon très maladroite d'ailleurs) par Joe Johnston dans « Jurassic Park III », mais ici il est d'autant plus intéressant qu'il divise. Owen Grady pourtant ancien militaire s'oppose à Vic Hoskins (Vincent D'Onofrio) qui souhaite transformer le dressage des Raptors en arme de guerre. Deux conceptions du dressage qui s'oppose donc et d'autant plus intéressantes que le sujet est posé intelligemment pour la première fois dans un « Jurassic ».
Points Faibles
- Un numérique trop envahissant
Depuis le chef-d’œuvre de Steven Spielberg en 1993, tout nouveau « Jurassic Park » est sujet à spéculations surtout concernant ses effets spéciaux toujours plus révolutionnaires. Si le subtil mélange du modèle mécanique (animatronique) à celui de l'image de synthèse semble faire l’unanimité au début des années 90, le presque tout numérique semble aujourd'hui pourtant prendre le dessus. Et si il peut effectivement impressionner les plus jeunes d’entre nous, il est néanmoins à la fois surprenant et consternant de constater que les dinosaures de l'époque sont mieux réussit que ceux d'aujourd'hui. C'est donc à travers cette approche graphique que se trouve pour moi l'une des plus grande déception du film. Les bêtes que nous propose « Jurassic World » sont incapable de procurer le moindre frisson car elles sont dénuées du moindre aspect réel (pourtant si palpable dans le premier opus), la faute a un numérique trop envahissant. Les dinosaures se rapprochent d'avantage ici d'un dessin animé Disney ou Dreamworks que d'une quelconque réalité c'est frustrant et aussi décevant ! Sur les plans larges, le numérique ne dérange absolument pas et s'impose même comme étant indispensable, en revanche sur les plans rapprochés (Raptors, Brachiosaure...) le numérique sature et décrédibilise complètement la bête. Dans ce domaine, on peut l'affirmer sans retenu, pour Colin Trevorrow c'est un échec certain.
En 1993, « Jurassic Park » fait preuve d'une ingéniosité hors du commun, qui aujourd'hui n'est plus à démontrer. Réalisé par un Steven Spielberg en grande forme, et bien décidé à ne rien laisser au hasard, celui-ci va même faire preuve de virtuosité quant à l'écriture de ses personnages. Souvenez-vous, les relations qu'ils entretiennent entre eux (Hammond, Grant, Malcom...) et les dialogues qui s'en suivent nous apparaissaient tantôt intriguant, farfelu ou complètement idiot avant de prendre tout son sens lorsque tout échappe au contrôle de l'homme, dupant le spectateur lui-même. Pour « Jurassic World », même à ce niveau, la comparaison semblait inévitable. Chris Pratt, Bryce Dallas Howard ou encore Irrfan Khan allaient-ils être à la hauteur de la franchise ? Pas vraiment. Globalement, les personnages sont sympathiques mais le charisme n'est pas vraiment au rendez-vous. Par exemple, Chris Pratt ne parvient jamais à nous communiquer ses émotions, Nick Robinson alias Zach est sans saveur, bien loin de la performance de ses prédécesseurs, et même Vincent D'Onofrio nous apparaît bien morne... Mais attention à ne pas s'y méprendre, car si l'ensemble des acteurs ne semble pas toujours être à la hauteur de nos espérances, Colin Trevorrow et ses dialoguistes ont leurs parts de responsabilités. Catastrophique, il faut bien reconnaître que les dialogues et autres échanges entre les personnages sont plat, d'une banalité dommageable et sans la moindre réflexion possible. Dés lors, difficile d'accorder une quelconque contemplation à nos nouveaux héros. « Jurassic World » aurait mérité d'avoir des personnages à la personnalité beaucoup plus développé. Dommage !
Comme attendu, l'ouverture du parc nous réserve une première partie de film très intéressante ainsi qu'une variété de dinosaure époustouflante, d'ailleurs parfois même inédite pour la franchise. Appliqué, Colin Trevorrow maîtrise donc incontestablement ses premiers plans, il sait avec précision où il nous emmène et sa mise en scène quasi parfaite arrive même à combiner intrigue, émerveillement et nostalgie. Il réussit donc dans cette première partie de film à nous captiver avec succès, répondant dans un premier temps aux attentes du spectateur, mais attention à ne pas s'y méprendre, car on ne peu pas être aussi affirmatif tout au long du film, notamment sur le final. En effet, le réalisateur américain nous propose une dernière partie de film que l'on peu sans hésitation qualifier de manqué … Souvent à la frontière du ridicule et de l'invraisemblance, les dernières mise en scène nous offrent avec effarement les plus belles absurdités du film (Bryce Dallas Howard court plus vite en talons qu'un Raptor, explosion de ce dernier à coup de lance roquette, changement de Mâle Alpha en un claquement de doigt …). De plus, la partie militariste incarné par le stéréotypées Vincent d'Onofrio est la moins réussie de tout le long métrage. Tandis que l'idée de base soulevée par Trevorrow est intéressante (des Raptors pour la guerre), ce dernier transforme systématiquement les militaires en très méchants personnages, pour laisser place à une boucherie inévitable. Un débat plus ou moins constructif façon (Hammond – Grant – Malcom) n'aurait-il pas été plus intéressant pour la franchise ? A méditer. Enfin, concernant le traditionnel combat finale, sentiment très mitigé me concernant, car en l'absence de grand frisson celui-ci m'est apparu assez fade sans pour autant être mauvais.
Conclusion
En conclusion, « Jurassic World » est loin d'être un mauvais film, surtout s'il est vécu comme une vision globale d'une attraction futuriste. Malgré le peu d'expérience de Colin Trevorrow, celui-ci parvient à nous livrer un spectacle solide (on ne s'ennuie pas), bien que trop prévisible. Assez loin néanmoins de la qualité et de la magie du premier « Jurassic Park », le réalisateur américain réussit tout de même à prendre ses distances avec les suites médiocre de 1997 et 2001. Pour autant, « Jurassic World » aurait mérité plus de personnalité, plus de prise de risque, ainsi qu'un final plus cohérent, sacrifiant les impératifs du blockbuster.