Fan-Service Park ( Omar Sy Président ! )

J'ouvre ma critique pour dire qu'en cette année 2015, on a eu un grand évènement dans le cinéma d'action qui s'appelle Mad Max : Fury Road.
Du haut de ses 70ans George Miller nous fait la démonstration de "Pourquoi c'était mieux avant" et "Comment on peut encore innover". Il a fait un film de cinéma d'action tandis que les blockbusters contemporains sont en fait des séries sur grand écran.
Jurassic World fait partie de cette 2e catégorie et le revendique.

Je vais vous raconter une scène du film qui laisse un goût amer pour toutes personnes venu voir un nouveau film Jurassic Park.
On est dans le premier 1/4 d'heure du film, on a eu l'exposition de pas mal de personnages déjà, et on est dans le centre informatique du Parc avec Claire (Bryce Dallas Howard pas méchante mais un peu clicheton comme personnage).
Elle remarque qu'un de ses employés, un stéréotype geek des dinosaures(interprété par Jake Johnson), porte un t-shirt de l'ancien parc "Jurassic Park".
Elle lui dit un truc du genre "C'est de mauvais goût" puis le geek répond " Ah mais je préférais avant, quand il n'y avait que des vrais dinosaures et pas de génétiquement modifiés".
Ensuite elle lui explique que c'est pour le public qu'ils ont créé le fameux Indominus Rex parce que les gens d'aujourd'hui les dinosaures ça ne leur fait plus grand chose, il faut plus de griffes et plus de dents..."

Ce que le film nous dit avec cette scène pour le moins décalée c'est :
Désolé pour les fans on aurait bien aimé vous faire un bon film mais on a fait des études marketing, des impératifs financiers donc on va vous faire un bon gros pop-corn movie à la sauce marvel.
D'ailleurs on sent que le réalisateur Colin Trevorrow, grand fan de Jurassic Park comme tout les enfants de sa génération, prend la parole par l'intermédiaire du geek et se fait bacher par la directrice du Jurassic Park qui représente selon moi la pression du cahier des charges des Studios Universal.
Attention gros spoil:

Ca ne marche pas !
Putain essayez de bosser un peu faites pas un putain de parallèle avec la pré-prod du film, déjà ça sort le spectateur de la diégèse, mais en plus ça nous insulte en tant que spectateurs : la production nous considère comme des chiffres symétriquement au personnage de Claire qui ne voit les visiteurs du Jurassic World que comme des chiffres.

Bon ça s'est fait, j'ai lâché ce que j'avais sur le coeur.
La critique peut enfin commencer et pour ce faire je vais parler de point les plus positifs jusqu'au plus négatifs :

• Ce film est quand même jouissif.

  
  

  Comprenez-moi je n'avais pas vu de T-Rex depuis King Kong 2005, papa était en manque. On voulait du dinosaure on est copieusement servi et par-ça le film est très généreux en scène d'actions qui se tiennent et qui sont plutôt agréables à regarder. On a du sang, l'Indominus tue tout ce qui bouge, des militaires aux dinosaures, des pteranodons et autres piafs préhistoriques qui terrorisent les visiteurs...

• Les personnages sont sympas à suivre.

Chris Pratt en dresseur, un peu mufle qui sait tout sur tout, est drôle (il aurait pu l'être plus)
Bryce D. Howard est cliché mais crédible et apporte une sensibilité à un personnage censé être un glaçon sans émotion. Les gamins sont à 50% biens (le petit est bien le grand insupportable). D'Onofrio joue le méchant (un personnage débile) sans pouvoir exprimer son talent.

Et j'aimerais faire un tonnerre d'applaudissement à Omar Sy qui m'a fait hurler de rire :
Il ne sert à rien de tout le film. Quand il parle, les gars ne l'écoutent pas. D'ailleurs la moitié de ses répliques sont en français alors que jusqu'à preuve du contraire c'est le seul français du film !!!
Sérieusement mais on dirait presque qu'ils ont rajouté Omar Sy en post-production tellement il n'a aucune incidence sur le récit et que personne ne l'écoute.

• La scène du baiser

  
  

  Oscar de la scène la plus old régime.

C'est dur à expliquer mais c'est fini depuis 20ans ce genre de scène

• Le Fan Service...

  
  

  On est content de voir tooooutes ces nombreuuuuuses références à Jurassic Park (le 1 seulement, le 2 et le 3 ne mérite pas à ce que j'entends, admettons)
  On revoit les lunettes vision de nuit de Timmy, on redécouvre les ruines du vieux Jurassic Park, même la jeep blanche et rouge (d'ailleurs les enfants vont la retapé et la conduire, on avait pas vu ça depuis Pic de Dante...) on ré-entends le cultissime "Welcome To Jurassic Park" :')
  On est content mais un moment on se demande si il serait pas un peu en train de se foutre de notre gueule.
  Alors maintenant Hollywood essaie d'innover en créant des hybrides de suite-remake. La liste est vraiment longue et je ne vais pas tout énumérer mais il y a les mêmes plans que dans Jurassic Park, les mêmes situations...etc
  Ya une différence entre hommage et gros pompage.
  Surtout que quand Spielberg le faisait c'était avec grâce. Avec un découpage et un langage cinématographique unique et magistral, la les scènes d'actions c'est pas la même limonade.




• Les effets spéciaux sont en-deçà du premier

22 ans auparavant, Stan Winston, Phil Tippet et Cie avaient compris qu'en mélangeant animatroniques et CGI on avait un résultat non seulement irréprochable mais qui aussi survit aux affres du temps. Tandis que Jurassic World s'ouvre sur un oeuf d'Indominus qui éclôt, scène intégralement faite en numérique et ça se voit... Le bébé raptor qui sort de son oeuf dans Jurassic Park est 100 fois plus crédible.
Le tout-numérique est une régression, les films d'aujourd'hui ne sont pas plus beaux qu'avant. La technologie est plus avancée mais l'absence de matière se ressent par tous les spectacteurs.
Ajoutez à ça que le travail du son FX et particulièrement le cris des dinosaures est négligé.
Je n'ai pas reconnu le cri du T-Rex dans un Jurassic Park peut-on m'expliquer ?

• Le scénario est débile...

Alors on avait tous l'appréhension des raptors apprivoisés et bien ces créatures futées et cruelles sont devenues des chiens féroces qui obéissent à un "mâle alpha"

Spielberg a toujours eu le parti pris de dire que ces dinosaures n'étaient pas des monstres mais des bêtes sauvages. Trevorrow et Universal eux décident d'en faire des êtres doués d'émotions humaines.

D'ailleurs, Vincent D'Onofrio, qui joue le rôle d'Hoskins le chef de la sécurité (visiblement inefficace ou incompétent) a une marotte pendant tout le film c'est de monter une sorte de brigade de raptors dressés pour pouvoir les vendre à l'armée.
J'ai du mal à voir dans quel situation militaire aurait-on besoin d'une équipe de bêtes sauvages complètement dangereuses et dont le dressage est encore un peu random.
L'idée est d'une stupidité abyssale et il l'apprendra à ses dépends mais on perd pas mal de temps avec cette intrigue à la con.