Laissez-moi douter du niveau d’imagination de J.A. Bayona et des scénaristes qui sont à l’origine de Jurassic World Fallen Kingdom.
Une scène d’action. Du danger. Un personnage doit s’enfuir le plus vite possible, mais s’arrête lorsqu’il sent qu’il est en mauvaise posture. Il met alors un temps fou à se retourner pour apercevoir ce qui veut le tuer puis se remet alors enfin à bouger pour facilement sortir du mauvais pas.
On connait tous ce genre de moments, et personne ne les aime.
Ce sont ces passages plutôt insupportables qui empêchent une réelle implication du spectateur dans l’œuvre tout en plombant l’ambiance et la pertinence de bien trop de films. Dans Fallen Kingdom, ils sont légion. En fait, on en trouve à tout instant.
Ce qui donne un constat affligeant : à chaque séquence du film, il y a un truc qui ne va pas.
On observe alors du pur cinéma, dans tout ce qu’il peut avoir de factice dans ce qu’il montre, déconnecté de toute notion de réalisme.
Que ce soit dans les gestes, paroles ou actions des personnages, aucune occasion n’est perdue pour réaffirmer au spectateur qu’il se trouve devant un film, et que rien n’aurait été pareil dans la vraie vie.
Le résultat de l’accumulation de ses choix tous plus douteux les uns que les autres et un condensé de tous les événements nuls qui peuvent parsemer le cinéma d’action, avec des effets qui sont d’habitude cachés ou au mieux évités, mais qui semblent ici presque être mis en avant.
Je pourrais faire une vidéo sur Youtube pour recenser chacun des passages malaisants du film.
Tout ceci, n’étant que pour dénoncer ce qui pour moi est le plus gros défaut de cet épisode d’une saga déchue, n’est malheureusement pas le seul aspect qui témoigne d’un manque flagrant d’inventivité. Si on prend les images et l’histoire, on n’a rien d’autres qu’un mélange des quatre volets précédents.
Les seuls vrais apports au tout sont d’un ridicule improbable : un enfant clone et un dino contrôlé au laser.
Le seul vrai bon moment ne dure que quelques secondes et sort tout bonnement de nulle part. Il s’agit de l’instant où la fillette apeurée sous sa couette voit le monstre difforme s’approcher de son lit. Bien que le réalisateur ait juste oublié de mettre cette scène dans son film précédent (c’est purement et simplement l’affiche de son « Quelques minutes après minuit »), il s’agit là d’un très bel intervalle, qui sera bien évidemment gâché par ce qui suit, comme chaque séquence de cette pauvre mascarade.
Là où Jurassic Park, et même ses suites, parvenait avec brio à faire monter une certaine pression en créant une ambiance unique, l’aventure proposée ici n’a même pas l’air de vouloir s’élever de sa platitude consternante.
Impossible de toutes manières de rattraper cet hallucinant amas de ratés qui gangrène Fallen Kingdom du début à la fin. Et ce n’est pas le scénario ou les personnages qui viendront contredire ce fait.
Même les belles images ne parviennent pas à mettre fin au massacre.
Le royaume est déchu.
RIP Spielberg.
Reste la belle promesse qui réapparait à la fin, celle d’enfin avoir un Jurassic WORLD, avec un final qui rappelle celui de La Planète des Singes : Les origines.
Un grand homme a dit un jour qu’il ne comprenait pas pourquoi deux spectateurs avaient quitté la salle pendant la projection. Cet homme s’appelait Durendal. Je m’appelle TheBadBreaker et je ne comprend pas comment j’ai pu rester jusqu’à la fin.