Alerte ! Les dinosaures sont menacés ! Non seulement un gigantesque krakatoa les pulvérise sur isla Nublar mais ça ne les a visiblement pas empêché de dévorer goulument les scénaristes, grands absents de ce film !
Car vue la maigreur du scénario, un condensé du Monde Perdu notamment, il ne devait pas rester grand monde pour terminer cette histoire. C'est le point noir du film : il est prévisible jusque dans ses jump scare, il ne fait ni dans la dentelle - vous me direz un T-rex non plus - ni dans l'originalité.
Pourtant le film a des qualités : d'abord sa réalisation, agréable. Quelques scènes sont même remarquables et bien plus marquantes que le premier film - notamment une scène dans une chambre et un musée privé de paléontologie, qui n'est pas s'en rappeler une scène culte de Jurassic Park, premier du nom. Les allusions aux autres films sont bien gérées. Je regrette qu'en revanche les thèmes musicaux de John Williams soient plutôt absents.
La tension prédomine dans cet épisode, bien plus sombre que le précédent et ça fonctionne plutôt bien. La première partie s'apparente au film catastrophe, la seconde, dans des espaces confinés et sombres à un thriller psychologique où l'habituel psychopate a une machoire pouvant dévorer un homme vivant et des griffes de la taille d'un avant-bras.
L'autre qualité, ce sont les dinosaures, véritables personnages, qui suscitent plus d'émotion que tout le reste du casting. Terrifiants ou mignons, à vous de voir. Y'en a pour tous les goûts. Le fameux indoraptor du film, nouvelle création hybride et carnassière a du style mais au final rien ne parvient à surpasser une fois encore le T-Rex. On ne sait pas ce qu'ils vont pondre pour le prochain épisode, mais y a déjà une lassitude à tenter de créer le prédateur parfait qui a chaque fois se fait méchamment dégommé.
Pour le reste, y a des vraies fautes de goût. Hormis quelques personnages secondaires qui parviennent à être sympathiques et drôles (la paléo-vétérinaire, le geek pleurnichard), l'écriture des premiers rôles est convenue, sans être dramatique. Y a évidemment des méchants idiots et clichesques : le magnat cupide, le militaire brutal et stupide. Certains personnages n'ont aucune utilité : le cameo de Jeff Goldblum ne sert à rien si ce n'est à montrer qu'à plus de soixante pige ce type a toujours la classe. Pire, une révélation sur un des personnages du film, une petite fille, est carrément grotesque et amenée avec des gros sabots - plutôt des grosses pattes de brachiosaures. C'était limite gênant et je me sentais mal pour la gamine qui en plus d'avoir une vie de merde se retrouve chassée par des dinosaures monstrueux. Je dirais également que le film est incohérent : pourquoi aller sauver des dinos qui ont dévoré la moitié de tes proches ? Sans parler des retournements de situations ubuesques et des choix des personnages, volontairement idiots pour faire avancer le film. Le film friserait presque l'hémorragie, comme Blue, le fameux vélociraptor Blue, grièvement blessé.
Le film est inégal. Si la première partie est enlevée et dynamique, la seconde est plus lente et ennuyante, multipliant les clichés. De plus le décor confiné est assez décevant globalement vu le budget de ce genre de film. Le manoir fait faux. Le final, plus intéressant et ouvert, laisse entrevoir la thématique du troisième épisode qui s'annonce énorme mais là encore prévisible. Il y a même une scène post-générique, sans intérêt. Je suis le seul qui soit resté pour la voir, c'est dire.
Un film pas foncièrement mauvais mais qui enfonce des portes ouvertes. La mise en scène efficace, les dinosaures, bien traités, ne parviennent pas à combler les vides d'un scénario liminaire. Puis, il reste à présent une poignée de dinosaures, au bord de l'extinction, dino crisis. On a du mal à s'imaginer comment une dizaine de reptiles va mettre à mal l'humanité par la suite. La saga mythique, elle aussi, s'essoufle.