3ème opus d'une trilogie initiée en 2015 avec Jurassic World, qui souffrait déjà de la comparaison avec le chef d'oeuvre initial de Spielberg et aussi de sa suite (Le monde perdu est tellement loin devant en termes d'inventivité visuelle - et Jurassic Park est un chef d'oeuvre intemporel où l'émerveillement et la crainte de la découverte des dinosaures est à la hauteur de la réflexion sur les enjeux moraux relatifs à la création et au divertissement), ce "Jurassic World - Le monde d'après" est honteux.
Incapable de construire un plan un tant soit peu original, Colin Trevorrow nous livre une bouillie numérique indigne, où les dinosaures de synthèse ne sont jamais apparus aussi faux et inoffensifs. Aucune scène d'action n'est à sauver où la tension dramatique est aussi forte que celle de la cuisson d'un beignet.
Qui pouvait croire que c'était une bonne idée de faire de l'antagoniste des humains méchants (mais alors méchants quoi - pas des personnes n'ayant pas conscience de leurs actes, on parle de méchants méchants qui veulent faire le mal) où les dinosaures ne sont que des prothèses, des armes, pire des éléments du décor insignifiants ? Qu'il est loin le temps de l'émerveillement. Qu'il est loin le temps où les héros avaient peur, se retrouvaient dans la boue, galéraient pour s'en sortir... Ici, on est dans la chorégraphie, on "danse" avec les dinosaures et jamais on ne croit un seul instant au danger. Incroyable tour de force. Aucun personnage principal ne risque quoi que ce soit, ne tache ses vêtements, ne se retrouve décoiffé. Pire, on est dans la parodie pure et simple. Un dilophosaure, ça s'attrape par le cou pour lui fermer son clapet, non mais. La désacralisation en marche.
Et que dire d'ailleurs du retour des 3 héros du premier Jurassic Park, où Sam Neill a l'air de tellement s'emmerder (cette réplique qu'il lance: "cela ne nous concerne pas": oui.), Laura Dern en fait des caisses sur les hurlements (l'experte badass qui courait avec une lampe torche accrochée au pied pour fuir un raptor était tellement plus aimable), mais il faut le reconnaître Jeff Goldblum apporte (un peu) d'autodérision dans tout ça avec notamment cette réplique géniale en réponse à un Chris Pratt qui dit venir de Jurassic World : "Jurassic World? Pas fan."
Un euphémisme savoureux.