Au final, Clint ne déçoit vraiment que très rarement, et ça aurait été dommage de terminer sur Cry Macho.
Derrière ses airs de films de procès, Juré n°2 est une histoire complexe. D'abord celui d'une reconstruction pour Justin, le protagoniste, au passé tumultueux, puis un dilemme, énorme pour lui d'abord, puis pour d'autres personnages. Tout le long, ce sera un jeu d'équilibriste pour Justin, présenté comme un saint, avant qu'Eastwood ne dévoile peu à peu des éléments de son passé, plus ou moins proche.
Partant de là, Clint s'intéresse à la frontière entre servir ses idéaux et protéger ses intérêts, et c'est là l'une des principales réussites de ce Juré n°2. Certes, certaines thématiques sont développées au détriment de quelques points scénaristiques secondaires, ou même de personnages un peu sacrifiés (Kiefer Sutherland notamment), sans que ce soit gênant pour autant.
cette femme pleine de vices
Pour citer Trust jadis.
Cette femme, c'est la justice, et c'est l'autre réflexion principale proposée par Clint, tant au niveau nationale qu'individuelle, comment chacun la conçoit et comment elle est vue, un système imparfait mais considéré comme "celui fonctionnant le mieux".
Eastwood parvient à garder le mystère autour des intentions de son protagoniste. Si la partie centrale renvoi directement à 12 Hommes en Colère, les premières et dernières parties sont particulièrement réussies. Il parvient à diriger le spectateur selon ses envies, et ne jamais rendre son film évident. Sa mise en scène, classique, parvient à capter la complexité de la situation et de son protagoniste, et épouser ses thématiques.
Le temps défile mais ne semble pas influer sur un Clint Eastwood qui questionne avec justesse et brio la morale et la justice avec Juré n°2. Il s'attarde sur un protagoniste qui subira le poids d'un dilemme lourd tout le long d'un film où il maintient suspense et intérêt.