Dilemme moral, vacillement de la vérité, fragile idéal de la justice. Eastwood explore les zones d’ombre de la présomption de culpabilité.
Sous la balance de Thémis aux yeux bandés, le réalisateur ( 94 ans ! ) explore brillamment l’impossible idéal de la vérité judiciaire et donne une dimension métaphysique et psychologique à son film de procès dont la narration nous tient en haleine. S’il évoque 12 hommes en colère, le récit explore avant tout les dilemmes complexes de son personnage central. ( Nommé juré dans une cour qui juge un autre homme pour homicide, un jeune homme se retrouve dans un dilemme impossible : il réalise que le vrai coupable c’est lui. À son insu, il a commis un délit routier et se trouve être le vrai responsable de l’homicide pour lequel le condamné risque la perpétuité) Confronté à sa morale et le désir d’échapper lui-même à une condamnation, il s’arrange avec sa propre morale, sa culpabilité, les démons de son passé et son désir de sauver l’homme accusé à tort. Mais s’il révèle la vérité, il se condamne et avec lui le bonheur de sa famille. Eastwood analyse brillamment cette dualité interne. Pris en étau, le jeune homme accumule les actes manqués ... Le film interroge une certaine forme de violence du système judiciaire, la présomption de culpabilité et la responsabilité des actes. Une occasion de souligner la fragilité du système et le dysfonctionnement des institutions américaines qui peuvent mener aux mensonges.