12 hommes moyennement en colère

Le génie de Clint Eastwood réside dans l'ambiguïté de ses personnages, des actions. On tombe rarement dans le manichéisme et c'est encore le cas dans ce jury n2 qui nous présente une vision critique (et pertinente) de la justice en général. On pourra retenir cette phrase juste du film

La Justice n'est pas la vérité

Et il tombe juste. Mais sur ce coup, ce n'est pas une critique très original. En fait, à bien des égards, j'ai eu l'impression d'être face à 12 hommes en colère de Sydney Lumet. Ce n'est pas grave d'aborder les mêmes sujets, mais quand tu le fais de la même façon (ou presque), tu ne peux échapper à la comparaison et ce film en paye le contrecoup. Il y a moins de tension, le film semble moins électrique que ce dernier.

Derrière ce propos très juste, qui permet de sauver le film, on a l'impression que Clint Eastwood est à court d'idées de mise en scène, de cinéma voire même de scénario. On reste souvent cantonné au champ/champ ou champ/Contre-champ. On pourrait croire être dans un téléfilm parfois.

Le personnage principal aussi me dérange : Il semble accepter très rapidement le fait qu'il soit coupable. Je pense qu'un homme confronté à cette situation serait plus sujet aux doutes, serait même plus encore dans la tourmente. Lui pleurote certes, mais sans plus. J'aurais aimé aussi qu'encore moins de doutes pèsent sur lui.

Le fait que les jurés arrivent à la conclusion que c'est sûrement un délit de fuite, que la voiture est l'arme du crime trop rapidement, digne d'une enquête NCIS me dérange (comme celle de l'ancien policier). Tout comme le fait qu'alors le doute s'installe, on ne sait comment avec une visite sur les lieux du crime improbable les doutes disparaissent et on juge l'autre coupable.

Le propos du film est pertinent, mais le reste est tellement académique, convenu que c'en est presque surprenant pour Clint. Je ne doute pas qu'il ait vu 12 hommes en colère pourtant. Il est peut-être temps de tirer sa révérence cinématographique. Cela ne changera rien à son immense carrière, qu'on ne saurait résumer à ce film un peu trop plat.