Clint Eastwood explore avec Juré n° 2 le thème de l'erreur judiciaire, cher au cinéma, sans parvenir à renouveler le genre ni à retrouver la puissance dramatique de classique comme 12 hommes en colère de Sydney Lumet.
Le film suit un ancien alcoolique Justin Kemp (joué par Nicolas Hoult, très bon) qui, par une nuit d'orage, percute accidentellement une femme sans même réaliser ce qu'il fait. Quelques semaines plus tard, il est appelé à siéger comme juré dans le procès du petit ami de la victime, accusé sur la base de témoignages l'ayant vu se disputer violemment avec elle. Ce juré n° 2 prend alors conscience qu'il est à l'origine de ce drame et se retrouve alors face à un dilemme moral insoutenable : se dénoncer ou détruire sa vie familiale, ou se taire et risquer de laisser un innocent être condamné. Sa stratégie devient celle d'un questionnement minutieux des preuves, afin de semer le doute parmi les jurés.
Ce film à procès, une partie seulement du film, ne se contente pas de creuser le tourment intérieur du personnage principal. Il met en lumière les pressions extérieures, notamment l'empressement des autres jurés à conclure rapidement l'affaire pour des raisons personnelles et l'ambition politique d'un procureur (jouée par Toni Collette excellente) cherchant à tirer parti de ce procès très médiatisé. Eastwood critique ici un système judiciaire américain éloigné de l'idéal de justice où le pragmatisme et les intérêts individuels l'emportent sur la quête de vérité.
Malgré ce contexte intéressant, le film peine à captiver et tire en longueur. L'idée d'un juré coupable dans son propre procès semble trop invraisemblable pour que l'on y adhère pleinement, c'est mon avis. De plus, si les dialogues apportent quelques moments de tension, notamment la scène finale, l'ensemble souffre de longueurs et d'un déroulement somme toute assez convenu. La mise en scène, souvent proche d'un téléfilm, ne parvient pas à insuffler l'intensité nécessaire à ce genre de récit, on est loin de 12 hommes en colère.
Certes, le film interroge habilement les failles humaines et institutionnelles, mais son approche trop appuyée et parfois didactique finit par lasser. On aurait attendu d'un réalisateur comme Clint Eastwood une exploration plus profonde et nuancée des dilemmes moraux et des enjeux judiciaires.
En somme juré n°2 reste un drame introspectif honorable, mais sans grande originalité. Pour un cinéaste de talent comme Clint Eastwood, c'est une œuvre mineure qui ne laissera pas selon moi un grand souvenir dans sa riche filmographie.