Si on n'avait pas été dans un film de procès, l'image, lisse et très classique, aurait pu nous vendre du shampooing.
Alors, autant s'intéresser directement au fond : reprenant un sujet déjà traité, et mieux que cela, Clint Eastwood réchauffe son film comme son président préféré les slogans de campagne de Ronald Reagan. C'est au fond une question de morale que le plus vieux cinéaste américain pose ici, comme à son habitude. Mais là où le film est étonnament inintéressant, c'est que son juré n'a pas de vrai cas de conscience. Cela est dû à un scénario truffé d'invraisemblances. Sous ses airs de gendre iéal et futur bon père de famille aux cheveux courts et brillants, Nicholas Hoult choisit très vite son camp, opposant justice à vérité (il dira quelque chose comme "la vérité n'est pas la justice", parce que la justice enfermera un voyou tandis que la vérité enfermerait un gentil gars repenti comme lui). En fait, c'est donc, grande originalité !!, un salaud. Alors, le vieux Père la Morale, mécontent du comportement de son protagoniste, voudra réparer ses mensonges.
La conscience et la responsabilité, celles qui pèsent sur la Tête et les Épaules de notre bonhomme (oui, il y avait bien un lien avec le titre, au-delà du shampooing !), n'oublient jamais, et, on le sait depuis longtemps, s'incarnent dans le regard (ce champ-contrechamp final, pas loin des regards des westerns dans lesquels Clint acteur jouait et qui, pour le coup, serait pour cette raison un bon moyen de finir sa carrière de cinéma, comme une signature). Mais au-delà de ces enjeux, le film n'a aucun propos. Ni sur les violences conjugales, ni sur les addictions, ni sur les victimes d'accident de la route, ni sur l'Amérique en général, et si peu sur la justice, finalement. Et ça, c'est bien la preuve d'un cinéaste à rebours de la modernité et de son époque (l'affiche du film est quasi religieuse). Moins réactionnaire que dans ses précédents films, Clint Eastwood en est aussi moins convaincant...