Le grand Clint nous cueille avec un magistral film de procès à suspense intitulé “Juré N°2. Infatigable géant du cinéma, du haut de ses 94 ans - après “Cry Macho”, le road trip à base de volaille et dernier film du réalisateur/acteur Eastwood, revoici uniquement le metteur en scène investissant les rues de Savannah (Géorgie), une ville sudiste dans laquelle il n’était pas retourné depuis l’envoûtant “Minuit dans le jardin du bien et du mal” en 1997. Justin (Nicholas Hoult), un type lambda bientôt papa, se voit convoqué comme juré à un procès pour homicide conjugal. Le timing n’est pas forcément favorable pour Justin ainsi qu’Allison (Zoey Deutch) sa fiancée à terme dans quelques jours, mais il faut bien faire son devoir civique ! Dans la salle d’audience du tribunal, s’engage un combat entre la procureure (Toni Collette), en passe (c’est-à-dire, à une accusation), de devenir la nouvelle patronne du district face à l’avocat de la défense (Chris Messina), ainsi Clint Eastwood nous rappelle - à toute fin utile - la collusion entre justice et politique aux USA. Après les premières plaidoiries, Justin se rend compte qu’il était sur les lieux le soir du crime, et pire encore, c’est lui qui a tué la femme en la percutant avec sa voiture, croyant avoir heurté un cerf ! Il devient alors coupable à son insu. Aucun spoiler, tout est dans la bande-annonce. Le juré n°2 va donc batailler ferme pour faire acquitter le prévenu sans pour autant se dénoncer car celui-ci a un passé pas très glorieux d'alcoolique qui pourrait le conduire derrière les barreaux pour de nombreuses années. Le dilemme est total, pour Justin, mais aussi pour le spectateur. À la façon de “12 hommes en colère” de Sidney Lumet, Justin va tout faire pour que le coupable (qui ne l’est pas) soit acquitté. Eastwood prend le temps de nous présenter les différents jurés avec leurs convictions et surtout leurs certitudes, comme celles d’un éducateur de rue qui veut faire condamner le prévenu à cause d’un tatouage de gang, ou encore, la blondinette propre sur elle (Leslie Bibb), qui s’octroie le titre de porte-parole du groupe ! Les flash-back acculent de plus en plus le jeune homme pour qui l’étau se resserre, pour peu que l’un des jurés tente une enquête en solo formellement interdite par les institutions pénales. Le spectateur est embarqué dans une odyssée judiciaire dans laquelle la vérité aussi destructrice soit-elle pourra sauver un innocent. Eastwood a encore frappé !