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Nuit du jeudi 15 au vendredi 16 mars. Alors que je rentrais de la cinexpérience 92 peu après une heure du matin, j’entendis tout d’un coup résonner dans le Uber qui me ramenait chez moi les notes de l’un des tubes de l’été, salsa et électro à la fois, dont le refrain percutant ne peut vous sortir de la tête. Arrivé chez moi, je me précipitais sur Google pour en retrouver le titre : c’était Bailar de Deorro feat Elvis Crespo. Loin de me rappeler mon bel été 2017, il me replongea hier soir dans une salle des fêtes de la banlieue dijonnaise (je crois). Alors que les invité.e.s rient et se déhanchent sur le refrain de cette chanson – quoi de plus normal en soirée, qui plus est lorsque qu’on fête les dix-huit ans de sa fille/nièce/petite-amie/pote -, l’habile travelling qui nous permet de parcourir la salle des yeux laisse susciter un étrange ressenti. Comme si de cette soirée émanait une pesanteur inhabituelle pour un anniversaire, une inquiétude lancinante, comme si au fond quelque chose n’allait pas et se tramait – pour le pire évidemment. Joséphine, la fille, la reine de la soirée, semble inquiète. Que dis-je, elle ne le semble même pas, elle est, de son regard anxieux parcourant la salle à la recherche de sa mère elle-même partie à la recherche de Julien, le fils cadet, 10 ans, objet d’âpres batailles entre son ex-époux et elle quant à sa garde, à l’extérieur – mais ça, c’était avant qu’Antoine, l’ex-mari en question, ne se retrouve devant la salle avec son Partner à épier la mère – Miriam de son prénom – , prétendre vouloir discuter avec elle, et tenter alors de l’étrangler, la tante venant l’arrêter à temps. Pendant ce temps, Joséphine et ses amis, sur la scène de la salle, le temps d’un interminable plan-séquence, chantent Proud Mary de Tina Turner, en slow version, elle de sa fragile voix aiguë, visiblement mal à l’aise pas tant de chanter devant un public conquis d’avance que de ce qu’il se déroule à l’extérieur, dont elle n’est pas au courant et ne le sera pas, mais pressentant l’imminence de la possible tragédie.


On est ici dans la dernière partie de Jusqu’à la garde, et ce seront ici les seules chansons qui émaneront de ce film qui ne compte pas une seule note de musique. Les masques sont tombés, enfin. La vérité a éclaté. Mais comment présager de ce qu’il va suivre, de la violence ultime de cette révélation, de la véritable scène d’horreur finale (et pourtant sans la moindre goutte de sang) digne des plus grands thrillers psychologiques comme une inaliénable et inviolable preuve qu’on attendait tou.te.s deux heures durant, une claque dans la gueule qu’on se prend, mais pas de celles que la mère a dû se prendre avec l’ex-mari. Depuis ce jour, plus jamais je n’écouterais le refrain de Bailar de la même façon, devenu plus oppressant qu’il ne me donne l’envie de danser. Plus d’un mois après, j’évite d’éteindre mon portable avant d’aller me coucher. De toute façon, vous ne vous endormez plus de la même façon. Vous vérifiez que les trois verrous de la porte sont bien fermés, chacun à double tour. Chaque craquement sur le sol ou dans les murs vous fait sursauter. Vous craignez l’alarme de la sonnette, le bruit de l’ascenseur s’arrêtant à votre étage, les pas lourds qui se dirigent vers chez vous, les coups qui frappent à votre porte, puis la défoncent. Vous réfléchissez à ce qui pourrait servir de panic room dans votre appart parisien (donc pas un duplex de 90 mètres carré boulevard Raspail et encore moins un château en Italie). En bref, vous êtes tel un.e autre en sortant de la salle, en début de soirée d’un lundi d’hiver glacial, mais pas autant que ce coup de poing, de ceux à vous faire chanceler, dont la violence et la douleur ne feront qu’aggraver votre état de suffocation bien avancé. Les lumières se rallument à peine qu’il est temps de se barrer, vite, de prendre ses jambes à son coup, au diable l’écologie et les emballages oubliés au sol, d’aller chercher l’air, oh oui, air dont on veut jouir, mais on n’y parvient pas parce qu’on est toujours dans le film, ou plutôt la prison, mains et pieds liés mais surtout, pire, l’esprit, possédé, tourmenté, revivant chaque détail, chaque instant, même une virée à Franprix ou une comédie merdique à la télé . Dès lors, l’évidence : tels un traumatisme cinématographique, ces images doivent être exorcisées, le sac vidé. Quoi de mieux alors que l’écriture comme remède ?


Car ceci n’est pas un film : c’est un cauchemar. Rien de fantastique. Pas de sang, pas la moindre goutte, ou presque, si ce n’est une écorchure. Un concentré de violence, latente mais bien dicible, oui. Des monstres, ou plutôt UN monstre, et pourtant on ne l’aurait pas cru. Méfiez-vous des apparences ? Oh que oui.


Retour au début. Plans fixes et plan séquence. Une femme pénètre dans son bureau, invite sa secrétaire à faire entrer les protagonistes, un homme et une femme, chacun accompagné d’une avocate. On écoute le réquisitoire de la juge aux affaires familiales. La mère et le père sont en instance de divorce. Tous deux se battent pour la garde du cadet, 11 ans, alors que l’aînée, bientôt majeure et donc libre d’obligations en la matière, ne veut plus entendre parler du père qu’elle accuse de violences, certificat médical d’une infirmière scolaire à l’appui constatant entorse du poignet. La lettre du fils sonne comme un coup de poignard, l’achèvement final, l’exécution légitime du géniteur impulsif, colérique, violent. Dans le même temps, la mère dénonce les crises de nerf, les intimidations, le harcèlement continu par téléphone et par messages, les intempestives sessions d’espionnage devant le domicile des grands-parents, réclamant de fait la pleine garde et des frais supplémentaires car au chômage. Son de cloche différent du côté paternel. Plaidoirie implacable de l’intraitable avocate. Pour la défense, Madame aurait délibérément manipulé ses enfants, se barrant du jour au lendemain avec eux sans explication, les empêchant de voir leur père, qui ne se reconnaît point dans ce noir portrait, soucieux du bien-être de ses enfants avec lesquels il a tissé un lien fort, aimant, un Père en somme, récemment muté géographiquement près d’eux, nargué par son ex-femme refusant le dialogue (et pour cause) et essayant de lui pomper du fric alors que, lorsque l’ex-mari essaie de la joindre, elle est en « vacances » : et oui, pas assez de moyens pour subvenir aux besoins des enfants mais suffisamment pour partir en week-end, dixit l’hargneuse avocate ?


A l’instar de la juge, nous, spectateurs, mettons le jugement en délibéré, le temps que le schmilblick judiciaire refroidisse. A qui profite le crime ? Qui croire ? Les témoignages de l’accusation sont intraitables, les victimes présumées sont de ce camp, qui plus est une mère et ses enfants : comment ne pas d’évidence prendre leur parti ? Très vite cependant, l’évidence laisse la place au doute, à ambiguïté, aux incertitudes inhérentes à l’acte de jugement, qui plus est dans le cadre des affaires familiales, par essence les plus complexes puisqu’on touche à l’intimité à laquelle les juges n’ont pas accès, à ce qui se passe derrière chaque porte une fois fermée, à l’invisible, et dans bien des cas, à l’improuvable. Comment prouver strictement les accusations de la mère sans traces matérielles du harcèlement (messages disparus en changeant de portable, impossibilité de restituer un échange oral) ? Et puis la lettre du petit, aussi bien écrite, tellement implacable, mature et incisive pour un gamin de 11 ans ? Comment ce dernier pourrait-il si jeune accabler de la sorte son père ? Cela ne sentirait-il pas la manipulation de la mère ? D’autant plus que la justice tranche en faveur… du père, qui disposera donc d’un droit de garde une semaine sur deux et la moitié des vacances scolaires en attendant son installation dans la région. A l’encontre du réquisitoire de la mère. Alors même que si, théoriquement, un jugement est là pour trancher une situation, il ne règle pas forcément le flou d’une situation. L’ambigüité demeure, les doutes se font insubmersibles, l’incertitude règne. Il devient alors temps pour Xavier Legrand de nous donner les clés ce qu’il ne peut alors consentir à la justice et d’ouvrir les portes de la « maison ».


Dans la maison


Plus qu’un simple lever de rideau, le réalisateur, d’une incroyable maîtrise pour son premier long-métrage, se livrera à une littérale mise à nu de la situation, une véritable toilette de l’intime, sans jugement puisque de jugement il n’y aura point besoin, car tomberont progressivement les masques et s’évaporeront les trompeuses apparences. De l’indicible, manipulateur, retors, on passera alors au tragique de l’évidence, à la terreur faite prison mentale, à la gravité de l’erreur judiciaire et de la manipulation à laquelle juges et spectateurs, ces deux mêmes corps se dissociant l’un et l’autre puisque Xavier Legrand nous fait davantage témoins, avons été livrés. Le malaise s’installe dès les premières secondes de cette œuvre clinique dont les mécaniques de mise en scène ne sont pas sans rappeler Michael Haneke, il ne nous quittera plus dès lors, devenant frissonnante glace, torturant nos nerfs jusqu’à l’ultime seconde, et bien après. Par définition, quoi de plus perfide que la manipulation ? Qu’il est malicieux de venir jouer la victime auprès de la justice, de dénoncer le prétendu accablement dont on est victime par un sournois retournement du stigmate, de se donner le beau rôle face à la traîtresse, celle qui a osé fuir le domicile du jour au lendemain et retournerait ses enfants contre leur père. Pourtant, la vérité est là. Les faits sont là. Le déni, aussi. Mais ça, hélas, aveuglés comme tous, spectateurs de la situation, nous ne le saurons que progressivement, et participerons d’une littérale mise en danger psychologique et physique de la vie d’autrui. Car oui, démêler les tenants et les aboutissants d’une affaire familiale est ô combien complexe, y compris lorsqu’on pénètre l’intimité d’une famille. Deux parents qui ne se lancent la balle qu’à travers le fils, enfant, victime de la situation, trop jeune pour assumer un parti pourtant pris (avec conscience ou malgré lui ?), subissant les échanges interposés qui s’accélèrent tel le rythme d’une machine dans une usine, ne cessant de marteler jusqu’à provoquer des acouphènes, autant que les bruits du quotidien qui nous entourent ici. La mère et la fille (les prénoms ne sont ici qu’accessoires bien qu’ils donnent aux personnages l’identité que leur refuse la situation) refusent de voir le père, ne serait-ce que de le croiser, encore moins de le prendre au téléphone dont elles ne lui ont pas donné le nouveau numéro. Plus qu’une charge trop lourde à porter sur les épaules, un véritable sac de pierres de ceux à vous plonger au fond d’un lac perdu près des montagnes, comme ces week-ends avec le père, autant douloureux pour le fils que pour la mère, qui savent. Le dialogue est absent. Le fils est muet. Le père tente des approches. Le fils est obligé de faire croire à l’absence de la mère. Et vas-y que je te donne du « mon poussin », « mon chéri », « je suis content de te voir ».


Rien que des mots. Toujours des mots. Paroles, paroles. Paroles… On a pourtant beau aligner les beaux mots (ou pas), sortir les phrases attendues, tenter de jouer des attitudes et le père aimant, en vain. Car une chose, une seule chose, parle : le regard. Et tant qu’à faire, chassez le naturel, il revient au galop dit-on. Très rapidement, les paroles se font machiavéliques menaces, le regard se fait dur, le visage s’approche pendant qu’on tremble, la violence est alors intériorisée, latente. Le père profite des faiblesses du gamin, ruse de lui pour subitiliser le numéro de la mère, joue de sa force et de sa grosse voix pour se faire amener jusqu’au nouvel appart, dans un HLM de banlieue, et franchir le pas de la porte au grand dam de la mère qui ne peut en vouloir à son fils, victime du géniteur. Vient le temps de la première confrontation depuis le jugement, dans la cuisine. De la tarte dans la gueule au « je ne peux vivre sans toi », il n’y a qu’un pas schizophrénique…


« Il culpabilise les autres au nom du lien familial, de l’amitié, de l’amour, de la conscience professionnelle ; reporte sa responsabilité sur les autres, ou se démet des siennes ; ne communique pas clairement ses demandes, ses besoins, ses sentiments et opinions ; répond très souvent de façon floue ; change ses opinions, ses comportements, ses sentiments selon les personnes ou les situations. »


« Il invoque des raisons logiques pour déguiser ses demandes ; fait croire aux autres qu’ils doivent être parfaits, qu’ils ne doivent jamais changer d’avis, qu’ils doivent tout savoir et répondre immédiatement aux demandes et questions ; met en doute les qualités, la compétence, la personnalité des autres : il critique sans en avoir l’air, dévalorise et juge ; fait faire ses messages par autrui ; sème la zizanie et crée la suspicion, divise pour mieux régner ; sait se placer en victime pour qu’on le plaigne. »


« Il ignore les demandes même s’il dit s’en occuper ; utilise les principes moraux des autres pour assouvir ses besoins ; menace de façon déguisée, ou pratique un chantage ouvert ; change carrément de sujet au cours d’une conversation ; évite ou s’échappe de l’entretien, de la réunion ; mise sur l’ignorance des autres et fait croire en sa supériorité ; ment ; prêche le faux pour savoir le vrai ; est égocentrique ; peut être jaloux ; ne supporte pas la critique et nie les évidences ; ne tient pas compte des droits, des besoins et des désirs des autres ; utilise souvent le dernier moment pour ordonner ou faire agir autrui. »


« Son discours paraît logique ou cohérent alors que ses attitudes répondent au schéma opposé. Il flatte pour vous plaire, fait des cadeaux, se met soudain aux petits soins pour vous ; produit un sentiment de malaise ou de non-liberté ; est parfaitement efficace pour atteindre ses propres buts mais aux dépens d’autrui ; nous fait faire des choses que nous n’aurions probablement pas fait de notre propre gré. Il fait constamment l’objet des conversations, même quand il n’est pas là. »


Ou comment définir en trente points l’archétype du pervers narcissique selon la psychothérapeute Isabelle Nazare-Aga. Le père, en somme. L’incroyable Denis Ménochet, qui derrière son nom d’acteur n’est en réalité que le noir père. Le regard féroce, dur, menaçant, glaçant, aucun n’est assez mot pour le saisir et décrire ce qui nous agite intérieurement si l’on ose seulement le croiser. La violence est intériorisée, latente, contenue, la bête sauvage gratuitement lâchée dans la nature, languissante de l’imminence de l’attaque mais forcée de rester dans le contrôle pour entretenir les vacillantes apparences. On tremble à l’idée que viennent les coups et tombe le couperet, mais pour le moment ce ne sont que des fulgurances colériques, une engueulade avec le grand-père rabaissant le père à table sous les yeux du fils, le monstre poussant de rage la table mise au sol et se barrant avec le fils, rupture avec la famille paternelle. Avec la mère, ou plutôt l’immense Léa Drucker, d’une dignité absolue, à la fois dans la force, le courage et la fragilité, il se fait intrusif, violeur d’intimité, jaloux maladif et possessif alors qu’elle ne veut plus, non elle ne veut plus se soumettre à l’autoritaire de la dictature, ni subir la folie de son ex-mari. Elle est décidée à éliminer cette personne toxique de sa vie et de celle de ses enfants, à prendre le chemin de la radicale rupture, a minima à réduire sa place au maximum car victime d’une décision de justice défavorable et pour le coup injuste, de celles qui relèvent de l’irréversible gravité, la prescience du pire et du possible tragique. Le père est l’intrus, l’ « autre » de tous, le salaud (que jamais la mère et le fils ne verbalisent ainsi dans le film, simple constat sur lequel j’ai voulu poser le terme adéquat) à rayer du disque pour avancer et vivre. Juste vivre. Se sortir de cette prison physique et mentale, de cette camisole dans laquelle enferment les violences conjugales et familiales, briser les chaînes qui vous relient à ce passé avec lequel rompre complètement est impossible lorsque la garde est partagée et force à maintenir ces liens, même si cela passe par une éponge, un punching-ball, fort et fragile à la fois lui aussi, oppressé et innocent, en la personne du fils, Thomas Gioria, d'une extraordinaire justesse pour un acteur de son âge: car chez Xavier Legrand, les acteurs ne jouent pas, ils sont, faisant pleinement corps et esprit avec leurs personnages dans l’évident souci de froid réalisme qui transparaît également dans la mise en scène extrêmement maîtrisée et dans un scénario à la rare montée en tension. Qui plus est, difficile, pour ne pas dire impossible, d’effacer le passé et sa violence, lorsque celle-ci se révèle présent et se pressent avenir d’une part, et quand le protagoniste n’est autre que le père, ou plutôt le géniteur, des enfants. Si les chemins de la liberté commencent par le divorce, le nouvel appart, la majorité de la fille, le monstre rôde, dans les parages, partout, jouant sur l’effet de surprise, suivant et repérant à la trace ses proies par quelque perfide subterfuge que ce soit. Prendre par surprise sa victime, quoi de mieux pour commettre le crime (im-)parfait ?


La violence est intériorisée, à peine voilée mais déniée de son auteur, menaçante mais la pression monte, lentement mais sûrement, de plus en plus. On tremble. On suffoque. Etouffements dans la salle. L’acte final de la strangulation cinématographique peut commencer. On revient à la soirée d’anniversaire de la fille, le week-end normalement réservé au père, qui finit par consentir à laisser y aller le gamin. Ce dernier disparaît, un court moment, quand le premier apparaît, prétextant un cadeau pour la fille, mais énième démonstration de force et de violence en tête à tête avec la mère, alors qu’arrive à temps la tante n’hésitant pas à balancer ses quatre vérités à la terrorisante bête qu’elle ne craint pas. Retour à la salle comme si de rien n’était. La soirée est finie. Ou plutôt : la fête est finie.


Mais la nuit ne fait que commencer pour la mère et le fils dans l’appartement. On éteint le portable. Entend sonner à la porte d’entrée de l’immeuble. Les battements du cœur s’accélèrent. C’est lui. Il insiste. On décroche l’interphone, et puis, c’est tout. C’est fini, on tente de souffler. Puis vient le bruit de l’ascenseur. Les tempes battent de plus en plus vite, prêtes à rompre à tout instant. Le nœud nous prend à la gorge et le rythme cardiaque explose. De la violence intériorisée, ordinaire à l’explosion, il n’y a qu’un pas : celui de l’horreur. Vous pensiez maîtriser vos classiques ? Montez-les au grenier ou descendez-les à la cave, vous n’avez encore rien vu. Dix minutes ? Quinze ? Une éternité, plutôt. Mais de quoi suffire à basculer en un instant, un seul, dans l’ultime cauchemar, absolu, traumatique, l’innommable calvaire après le chemin de croix, de quoi vous réveiller des nuits et des nuits durant et vous prendre à envisager l’exorcisme.


Bam. Nous, spectateurs, placés à cet instant dans la peau des victimes sans que le réalisateur ne fasse d’amalgame (spectateurs de la violence, mais non acteurs), devenons autant otages du père en furie que la mère et le fils. Noir du HLM de banlieue, ténèbres de la nuit du samedi au dimanche et de la salle 2 se confondent. La musique est celle des cris d’effroi, des hurlements de terreur, des supplications à la limite de l’extinction des voix, de l’instinct de survie naît l’indispensable force.


Bam. Sirènes. Coups. Balle. Une porte s’entrouvre et nous y sommes derrières. Une mère et son fils. Echange de regards. La porte se referme. Vient le temps de rendre leur intimité à la famille. Et de donner un sens au mot « liberté ».

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le 18 mars 2018

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