Critique parue sur hop blog
Le film démarre dans un dispositif proche de ce que l’on a pu voir chez Raymond Depardon par le passé. Un couple et leurs avocats face à une juge écoutant les arguments des uns et des autres pour décider si leur enfant ira, ou pas, passer un week-end sur deux chez son père qu’il refuse pourtant de voir. Cette scène pleine de violence intérieure et de malaise est le point de départ d’une film dont la tension va monter crescendo jusqu’à un final que l'on n'est pas prêt d'oublier.
Assez ramassé dans la durée, se résumant à quelques scènes, le film ne lâche jamais ses personnages : la mère, le fils et le père, les faisant évoluer dans une sorte de partie de cache-cache dramatique où les deux premiers tentent d’éviter le troisième.
Et ce qui pouvait ressembler au départ à une banale histoire de divorce va prendre une tournure de plus en plus dramatique au fil des minutes, avec des scènes de confrontations de plus en plus tendues.
A mi-chemin entre le cinéma dénué d’affect d’un Haneke et le naturalisme des Frère Dardenne, Xavier Legrand signe un film coup de poing, dans une mise en scène épurée, mais précise et très fine - les scènes de voiture sont notamment très réussies, avec ces bips de ceinture de sécurité amenant une tension supplémentaire - donnant corps et force à cette histoire de violence conjugale, à ce drame familial d’une grande intensité.
Denis Ménochet, aussi impressionnant que terrifiant avec son regard perdu, son air agard, forme un duo parfait avec une Léa Druker au yeux remplis d’inquiétude, la plupart du temps filmée dans des postures statiques, comme pétrifiée par la peur… sans oublier bien sûr le jeune Thomas Gioria, révélant une justesse et une maturité dans son jeu assez impressionnante.