Des sons: le signal d'une ceinture pas attachée tandis que le véhicule d'Antoine roule; le crissement des pneus alors que l'utilitaire s'éloigne; le bruit des portes qui claquent ou celles d'un ascenseur qui s'ouvre; la sonnerie d'un appel auquel on ne veut pas répondre
Les oreilles sont en alerte
Les silences en deviennent angoissants à leur tour: le calme avant la tempête?
L'inquiétude et l'insécurité s'installent
Des objets: des téléphones portables qui mettent parfois bien du temps à s'allumer; des fusils de chasse; des assiettes qui volent; une serviette de bain qui cache un corps surpris d'être dérangé; un micro pour chanter et couvrir ce qui se dit dans la salle et ce qui se passe dehors; un sac de cours dans lequel on fouille quand Julien dort
Des corps: celui d'Antoine (Denis Ménochet), énorme par rapport à celui tout en minceur de son ex-femme Miriam (Léa Drucker) ou de son fils de 11 ans, Julien. On lit la peur face à une force physique qu'ils redoutent et qui s'exprime parfois violemment. Lorsque Antoine frappe l'appui-tête du siège où se trouve Julien on se dit que le pire a été évité pour quelques centimètres
La violence est là, contenue, prête à exploser parfois
Des gestes: pour repousser, pour consoler, pour exprimer, pour se rapprocher comme dans cette scène toute en tension où Antoine prend Miriam dans ses bras. Moment trompeur de réconciliation ou va-t-il l'étrangler? On observe en spectatrice ou spectateur impuissant(e)
L'angoisse monte elle aussi
Des regards: vides comme celui de Miriam chez la juge ou apeurés comme Julien lorsque son père s'agace. Ce sont aussi des regards énervés qui accompagnent une violence qui ne demande qu'à exploser ou des regards pour épier, savoir ce qui se passe de l'autre côté de la fenêtre ou de la porte
Le hors champ dans toute sa splendeur
Des questions: comment en est-on arrivé là? Antoine est-il tel qu'il est décrit par Miriam et ses enfants qui ne veulent plus le voir? Lorsque Julien ment le fait-il car manipulé ou pour protéger? Que peut faire la justice dans cette situation?
Pourquoi cette scène (remarquablement filmée au demeurant) dans les toilettes avec Joséphine (la fille aînée de Miriam et Antoine) qui n'a pas de suite?
Une fin: qui s'abat sur nous raide et directe comme la guillotine sur la tête du condamné