Jusqu'à la garde est le premier film de Xavier Legrand, récompensé d'ailleurs d'un beau trophée au festival de Venise. Cette oeuvre est incroyable de maturité en sachant qu'il s'agit du premier long-métrage du cinéaste.
Réunissant Léa Drucker et Denis Ménochet, le film évoque la douloureuse séparation d'un couple vécue essentiellement à travers les yeux de Julien, le fils. La soeur, plus grande, et âgée de presque 18 ans, ne souhaite plus entretenir de relations avec le père. C'était également le souhait du fils, mais une décision de la juge a décidé d'une garde partagée égalitaire.
C'est d'ailleurs sur cette prise de décision que l'oeuvre s'ouvre. Une séquence excellente qui place le spectateur dans une situation difficile, dans la position du juge, à devoir faire un choix le plus juste possible tant pour les parents que pour les enfants. Les parents, justement, muets, s'en remettent à leurs avocats et à leurs joutes verbales. D'entrée de jeu, le film frappe fort. On est proche du documentaire mais on est bien dans de la fiction.
L'oeuvre prend une tournure extrêmement anxiogène au fur et à mesure que le père rencontre son fils. Un père qui va se faire oppressant, malsain, égoïste, jouant la carte du chantage avec son fils. On vit un véritable film d'horreur en réalité. Les séquences sont parfois très longues, silencieuses, épurées de tout artifice. Le silence est angoissant et pesant. Les balades en voiture semblent interminables. On sent que l'on est sur un volcan qui est prêt à exploser à tout moment.
Le casting est impeccable, emmené par d'excellents acteurs, formidablement bien dirigés. Ma préférence va à Denis Ménochet car il incarne vraiment la terreur tout en parvenant à faire passer par moment de l'émotion. On sent un homme brisé par ce divorce, dont il est le responsable. La passion amoureuse se transforme en violence, en réactions disproportionnées pouvant mener au drame.
On regrettera par moment que Xavier Legrand ne raccourcisse pas un rien certaines séquences, elles ont parfois tendance à faire sortir le spectateur du film et qu'il ne se montre pas plus clair sur ce que fait la fille du couple Besson quand elle quitte la salle.
Pour le reste, c'est bien l'un des meilleurs films français de cette année 2018 évoquant donc avec justesse et force le sujet des violences conjugales.
8,5/10.