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Enfin un film qui montre les choses comme elles sont, qui dit les termes! L’histoire d’un pauvre homme, Antoine, au bout du rouleau, qui se fait marcher dessus par le wokisme envahisseur d’un pays au bord du gouffre. Un brave mec, aimé de ses proches de l’amicale des chasseurs, dont la femme fait tout pour l’empêcher de voir ses enfants en traînant son nom de la boue. Un amoureux de la nature bien sous tous rapports, ponctuel qui plus est, à qui l’on réserve le traitement d’un Johnny Depp. Une énième victime du #MeToo, martyr de la virilité, un alpha sacrifié sur l’autel de la misandrie. Lui qui ne voulait être que ce que la nature lui avait destiné, un père aimant, un homme, un vrai.


Ah, on me dit dans l’oreillette que je me suis fourvoyé. J’aurais à priori confondu mes cartes avec celles d’un électeur de la lie. Mince…


Il semblerait que Jusqu’à la garde raconte en fait une histoire trop commune, souvent reléguée au rang de fait divers, par le prisme de l’immersion. Qu’il traite d’un sujet de société trop souvent balayé sous le tapis, et dont on commence à peine à prendre conscience alors que le procès Mazan vient se placer comme preuve irréfutable d’un mal bien ancré dans toutes les strates, sans distinction, reléguant la défense “Not all men” a un triste déni de la réalité.


Derrière son début procédurier, bavard, qui met le couple Ménochet-Drucker face à une justice hésitante, c’est une hybridation de drame, de thriller et d’horreur qui va se dérouler. Et si cette introduction aux personnages laisse une légère place au doute, les drapeaux rouges se lèvent très vite. Que ce soit le choix de l’outrage de l’avocate du père comme mécanisme de diversion (une connasse que l’on imagine très bien défendre Pélicot et ces messieurs), ou le comportement de cet homme dès lors que l’on ait sorti du paraître du cabinet de la juge (l’amicale des chasseurs donc, mais aussi les clopes allumées devant le gamin, les coups de klaxon intempestifs et les ceintures de sécurité négligées) qui laisse transparaître sa véritable nature.


Celle d’un homme aux troubles psychologiques certains, qui utilise la violence comme instrument de domination sur tous ceux qu’il rencontre : femme, enfants, parents... Tout le monde est ennemi, car à défaut de maîtriser le tourment de son fort intérieur, il se doit de maîtriser son entourage. En résulte un défaut d’empathie, ne plaçant pas les besoins de ses enfants en priorité par rapport aux siens. Il use du donc du champs de l’emprise, de l’imposition, rejetant sa colère sur son gamin, Julien, afin d’atteindre la mère. Une situation terrible pour l’enfant qui rentre alors dans un conflit de protection : si j’obéis, je mets ma mère en danger, mais si je n’obéis pas, c’est moi qui coure un risque.


Et c’est là la force de ce premier film de Xavier Legrand, nous mettre à hauteur d’enfant et de subir, comme lui, ces émotions intenses, menaçantes et contradictoires. Antoine est menaçant, nous mettant en stress perpétuel. On sait qu’il va craquer, la question est de savoir quand et comment. Et comme Miriam, Julien et Joséphine, le spectateur bascule du dégoût à l’effroi, de la terreur au soulagement. La montée crescendo de la folie est anxiogène à souhait, la tension au cordeau, jusqu’à cette explosion finale qui fait fondre en larmes, amorcée par une impressionnante scène de cinq minutes où tout repose sur la maestria du travail sonore, paranoïaque.


Léa Drucker, Denis Ménochet et le jeune Thomas Gioria sont parfaits dans leurs rôles, et viennent servir une réalisation parfaitement maîtrisée. Le spectateur ressort lessivé de cette expérience, qui se conclut par un contrepoint ambigu au refus du nouveau mec de Miriam de s’impliquer dès lors que ça se corse. Car si c’est bien une solidarité citoyenne et féminine qui vient stopper le drame, le dernier plan est celui d’une porte qui se ferme sur cette histoire. On pourrait y voir la fermeture de tant d’yeux qui refusent cette réalité : en France, une femme est tuée tous les trois jours par son conjoint ou son ex. Jusqu’à la garde date de 2017, ces chiffres sont encore d’actualité en 2024.


Bonus : Avant que de tout perdre

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il y a 2 jours

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Frakkazak

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